Longtemps délaissée, la vache normande reconquiert ses terres et pâtures. Et bien au delà.
Voici une vingtaine d’années il était évident pour les Normands un peu observateurs ou amoureux de leurs vallées, sans forcément avoir vu le mouvement venir, de constater la quasi disparition des vaches normandes de leurs paysages. Les herbages comptaient en lieu et place de plus en plus de Prim'Holstein, reconnaissables entre toutes, même pour les citadins les plus convaincus, par sa couleur pie ( noire et blanche). Son modèle caractéristique, assez « sec » pour ne pas dire osseux, est une machine à lait. De loin, mais de très loin la plus productive. C’est d’ailleurs cette qualité et les dispositifs laitiers bruxellois qui incitaient à l’époque les fermiers à la choisir au détriment des races trditionnelles de leurs pays.
A l’arrivée, tout le panel qui va des amoureux des terroirs aux nostalgiques de tous poils regrettaient ce remplacement de la normande par la hollandaise. Mais le principe de réalité, principalement financier, qui peut parfois avoir la vie dure, ici, a vécu.
Depuis quelques années, 5 ou 6 peut être, la transformation inverse et progressive est perceptible. C’est que les orientations générales de notre agrictulture ont évolué. La quantité seule ne suffit plus. D’autres paramètres entrent aujourd’hui en ligne de compte. Et en termes d’avantages, tous comptes faits, notre amie la normande n’en manque pas.
La « batave » a beau produire plus, la petite tri-colore à la robe mouchetée produit mieux. Ou plus exactement, elle produit du lait pour en faire du fromage. Les taux élevés en protéines et matière grasse lui permettent de donner moins mais produire utile. Le rendement fromager est supérieur de 15% par rapport aux autres races laitières. Une richesse que lui reconnaissent les éleveurs bien au delà des territoires normands, pour la fabrication des camemberts, livarots et autres pont l’évêque ou neufchatels. Même les laiteries des Pays de la Loire et de Bretagne vont acheter le lait provenant des normandes plus cher car son taux protéitique est plus élevé. Et qui l’eût cru, de nombreux éleveurs auvergnats font le choix de cette race pour leurs fromages !
Une carrière à l’international
N’en déplaise aux végétariens, la race normande est aussi recherchée pour sa mixité. Entendez là que sa viande a un très bon rendement. Les vaches de réforme dépassent en poids vif les 700 kg. Les carcasses répondent alors aux objectifs des grossistes et bouchers : un bon rendement commercial et plus de 50% de morceaux à cuisson rapide.
Bref, une marge brute qui semble meilleure. Car en plus, cette vache est économe grâce à son efficacité alimentaire. Elle mange moins que les autes. Sa santé est meilleure aussi et les frais de soins donc moins élevés. En clair, le choix de la race normande est rentable. L’éleveur voit en elle la façon de privilégier un revenu élevé plutôt qu’un volume de production offrant une marge peu élevée.
Un portrait de la dame ne saurait être complet sans dire qu’elle a aussi son côté écolo… Dans un système extensif, c’est à dire dans un alimentation basée sur le pâturage, elle préserve ses qualités laitières et bouchères. Et la nature étant bien faite, elle est adaptée à son environnement. La pluie ou les intempéries, elle n’en fait pas un fromage. Elle vit beauoup mieux que d’autres les irrégularités dans un régime alimentaire fortement dépendant des aléas climatiques.
Alors forcément elle est en bonne place pour revendiquer le bio. Parce qu’elle valorise mieux l’herbe et les fourrages grossiers, parce qu’elle produit un lait avec des taux élevés de protéine et de matière grasse,… Elle est la partenaire idéale pour aller quérir les labels verts. Enfin, et ce n’est pas le moindre, parée de ses plus beaux atours, la vache normande fait une carrière à l’international sur la route des amériques. Aux Etats Unis, le mouvement marqué pour une agriculture de qualité et un retour à l’herbe pousse les éleveurs à s’orienter vers elle. A quand ses empreintes sur le sol d’Hollywood Boulevard à Los Angeles ?
Les résultats des concours de la race Normande
- Le palmarès est ICI