La Coordination rurale a organisé ce samedi une action symbolique en bord de Durance à Mônetier-Allemont pour alerter sur le manque d'entretien des cours d'eau, qui peuvent provoquer des inondations de leurs cultures.
Ils ne sont pas venus avec une pelleteuse sur les berges de la Durance pour dénoncer les charges administratives ou la concurrence déloyale, comme ils l'ont fait avec leurs tracteurs ces dernières semaines devant les préfectures ou les centrales d'achat. "On est là, impuissants, et on regarde nos terres s'en aller". Bonnet orange de la CR05 sur la tête, Joel Robert est venu soutenir l'action de la Coordination rurale des Hautes-Alpes, ce samedi 23 novembre, à Mônetier-Allemont pour alerter sur un autre danger qui menace leurs exploitations. Les eaux qui grignotent inexorablement leurs champs. En cause : l'absence d'entretien des rivières.
Leur outil de travail menacé par les crues
"On assiste à une sanctuarisation des cours d'eau et notamment la Durance qui est une rivière extrêmement protégée, on ne peut plus rien faire, les graviers s'accumulent, les embâcles qui viennent menacer notre outil de travail", souligne Marine Gohier, vice-présidente de la Coordination rurale 05.
"Les rivières aujourd'hui ne font plus leur travail comme avant, à la base la terre est une éponge, l'éponge se remplit et le restitue aux ruisseaux régulièrement, mais aujourd'hui les rivières sont presqu'au niveau des champs, donc le phénomène éponge ne marche plus, on voit des crues de partout, des inondations de partout dues à ça", dénonce un autre agriculteur.
"Les rivières ne sont plus entretenues et quand il y a des crues, l'eau déborde sur les côtés, elle arrache les berges, ça crée des embâcles, résume un autre agriculteur.
Trop de paperasse
Ils réclament le droit de curer la rivière, comme le faisaient les agriculteurs locaux par le passé. Mais aujourd'hui, "tout est interdit", déplorent-ils, pointant les lourdeurs administratives qui rendent impossible l'entretien régulier des cours d'eau. "Il y a des tonnes de papiers, s'agace , il y a un premier papier, après il y a un expert, deux experts, puis trois experts pour arriver à rien à la fin !".
Pour illustrer leurs propos, les agriculteurs ont mené ce matin cette action symbolique à proximité d'un verger menacé par la montée des eaux. "Il faut remettre la rivière à sa place pour protéger les terres agricoles, explique Joseph Jouffrey, secrétaire général adjoint de la Coordination rurale des Hautes-Alpes, le lit de la rivière est plus haut que les berges, donc quand le volume d'eau vient à augmenter et ça déborde".
La rivière a pris pratiquement 50 mètres de large et elle rentre dans les vergers.
Joseph Jouffrey, secrétaire général adjoint CR05France 3 Provence-Alpes
L'agriculteur en appelle au "bon sens paysan". "Aujourd'hui, les gens qui ont la gestion des cours d'eau nous disent, il ne faut pas y toucher et on se retrouve avec des agriculteurs qui ont de moins en moins de terres, il faut comprendre que si on enlève les embâcles, le gravier et les arbres, la rivière va reprendre sa place".
Le syndicat annonce d'ores et déjà une autre action symbolique dans la Durance très prochainement.