Des agriculteurs de la Coordination Rurale mènent depuis 6 h 30 ce jeudi une "action grande distribution" au niveau de l'entrepôt logistique de Lidl à Rousset dans les Bouches-du-Rhône.
"Ici, vous êtes dans une zone de résistance agricole". Pas d'entrée, pas de sortie. Des agriculteurs en colère bloquent depuis 6h30 ce jeudi 14 novembre, les livraisons aux enseignes Lidl depuis la plateforme logistique de Rousset, près d'Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône. Ils ont sorti leurs tracteurs, entassé des palettes de bois. Aucun camion n'entre ou ne sort.
"On est là parce qu'on avait promis en février de reprendre le mouvement à l'automne, si aucune mesure durable et concrète était proposée, il se trouve que malheureusement, c'est le cas, on n'a pas été entendus", explique Caroline Lecanuet, présidente de la CR 13 sur place à France 3 Provence-Alpes.
"Les centrales d'achat doivent payer le juste prix aux producteurs", explique le syndicat dans un post sur le réseau social X.
Plus de livraisons au centre logistique #Lidl de #Provence. Les centrales d achats doivent payer le juste prix aux producteurs. NON au #Mercosur #levoteutile #coordinationrurale pic.twitter.com/nrBTUXXvCE
— Coordination Rurale (@coordinationrur) November 14, 2024
Ces agriculteurs dénoncent les politiques de marge agressive pratiquée de la grande distribution. "Aujourd'hui quand on produit un produit agricole commercialisé par la grande distribution, ce n'est pas l'agriculteur qui fixe son prix, c'est la grande distribution, l'intermédiaire lui fixe sa marge et et le dernier maillon de la chaîne, c'est le producteur", détaille l'agricultrice.
Les agriculteurs mettent en avant d'autres revendications : "concurrence déloyale, Mercosur, empilement des normes, Egalim, clauses miroir, hausse des coûts de production, politique du prix bas...", comme le liste la CR 13, qui entend maintenir le blocage de Rousset toute la journée.
Plusieurs syndicats agricoles appellent leurs troupes à se mobiliser contre la signature d'ici à la fin de l'année d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays latino-américains du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay), susceptible de démultiplier les importations agricoles. Une opposition unanime partagée par le monde politique français. La France n'acceptera pas l'accord de libre-échange UE-Mercosur "dans les conditions actuelles", a martelé mercredi le Premier ministre français Michel Barnier à Bruxelles.
Appel à la "Révolte agricole"
"Je recommande qu'on ne passe pas outre la position d'un pays comme la France", a-t-il mis en garde, à l'issue d'une rencontre avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Plus de 600 parlementaires français (députés, sénateurs et députés européens) ont aussi écrit mardi à Mme von der Leyen pour marquer leur opposition au traité.
Moins d'un an après une mobilisation historique des agriculteurs en France, qui
s'était traduite notamment par des blocages d'autoroutes, la colère des agriculteurs va à nouveau s'exprimer à partir du 18 novembre, les syndicats appellent à des manifestations et à des blocages. L'alliance syndicale agricole majoritaire formée par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) a lancé un appel à une mobilisation nationale des agriculteurs à partir de lundi 18 novembre, au moment où les membres du G20 se réunissent au Brésil.
De son côté, la Coordination rurale, deuxième syndicat représentatif, promet "une révolte agricole" à compter du 19 novembre. "Le mal-être est profond, nous sommes abandonnés, dans l'angoisse totale, sans connaître l'avenir", a déploré la présidente de la CR, Véronique Le Floc'h, le 13 novembre sur Franceinfo, promettant des actions d'ampleur "dans les Bouches-du-Rhône, en Dordogne, dans le département des Hautes-Alpes" et "partout ailleurs".