Deux détenus de la Centrale de Moulins-Yzeure (Allier) ont fabriqué une roulotte après avoir été formés, derrière les barreaux, aux métiers du bois. L'un d'entre eux, libéré, a même monté son propre atelier.
Derrière les épais murs en béton et les barreaux du centre pénitentiaire d’Yzeure (Allier), deux détenus condamnés à de longues peines ont appris le travail du bois. Dans l’enceinte de la prison, ils ont été formés durant trois ans à l’ébénisterie, la marqueterie et la sculpture sur bois. Aujourd’hui, ils ont en poche, chacun, trois CAP.
Samedi matin, ils ont présenté leur plus grande réalisation : une roulotte. Elle est l’aboutissement de 3 500 heures de travail. L’aboutissement ou, plutôt, le point de départ vers une nouvelle vie. Philippe Speisser, responsable de la formation professionnelle des détenus au centre pénitentiaire d’Yzeure, "pense que, dans tout homme, il y a un fond de bonté et qu’il faut réussir à le déceler pour le faire émerger et le valoriser". Pour lui, cette roulotte en est une parfaite illustration.
"Il faut donner envie de s’en sortir"
Libéré, un des deux détenus est parvenu à monter son propre atelier de fabrication dans l'Allier. Durant son séjour en prison, il a saisi sans hésiter l’opportunité qui lui était donnée d’être formé aux métiers du bois. "Il faut qu’il y ait plus d’activités en prison", dit-il sous couvert d’anonymat, "les prisons sont mortes, il n’y a pas d’activité, [silence] il faut quelque chose qui donne envie de partir et envie de s’en sortir". Lui, il a trouvé ce "quelque chose" et depuis son retour à la liberté, son carnet de commandes se remplie chaque jour un peu plus.
D’autres détenus espèrent réussir, comme lui, à retrouver le droit chemin et filer vers des jours meilleurs, en roulotte ou par tout autre moyen. Actuellement, ils sont 45 en formation à la Centrale de Moulins-Yzeure et, de l'aveu même des professeurs, il y a plus de demandes que de places disponibles. La réinsertion dépend plus que jamais des moyens qu’on lui donne.