La réhabilitation pour le sous-lieutenant Jean-Julien-Marie Chapelant, originaire d'Ampuis, dans le Rhône. La cérémonie officielle s'est déroulée le 11 novembre.
Plus de 200 personnes, dont nombre de jeunes, ont rendu hommage dimanche à Ampuis au soldat Chapelant, à l'occasion des cérémonies du 11 novembre. Parmi eux, une douzaine d'anciens collégiens de la commune voisine de Condrieu qui, avec leur classe de troisième, avaient envoyé en juin dernier une lettre à l'Elysée pour demander la réhabilitation du soldat.
Les élèves, venus avec leur ancien professeur d'histoire-géographie et le principal du collège, ont déposé une gerbe, portant la mention "mort pour la France", sur la tombe symbolique du sous-officier, dans le cimetière communal.
Fusillé pour désertion en 1914...
Ce soldat du 98e régiment d'infanterie avait été fusillé le 11 octobre 1914 dans la Somme, après avoir condamné à mort par un conseil de guerre spécial du régiment pour « capitulation en rase campagne ». Le sous-officier avait été blessé par balle à la jambe quatre jours auparavant, avant d'être, assurait-il, fait prisonnier et de s'évader. Il avait été passé par les armes installé sur son brancard. Le père du sous-lieutenant Chapelant avait tenté de le faire réhabiliter mais après un long combat judiciaire, la Cour suprême de justice militaire, composée d'anciens Poilus et de magistrats, avait en juin 1934 maintenu la décision de 1914. Le nom de Jean-Julien-Marie Chapelant avait pourtant été inscrit sur le monument aux morts d'Ampuis où il figure toujours. L'exécution de Jean-Julien-Marie Chapelant avait inspiré "Les Sentiers de la gloire", livre d'Humphrey Cobb (1935) et adapté au cinéma par Stanley Kubrick (1957). Ampuis n'a jamais douté du patriotisme de l'enfant du pays. Depuis l'année dernière, une rue de la commune porte son nom.
Le ministre des Anciens combattants Kader Arif a annoncé vendredi 09 novembre qu'il avait décidé d'attribuer la mention "Mort pour la France" au sous-lieutenant Jean-Julien-Marie Chapelant, originaire d'Ampuis, dans le Rhône. "Les fusillés ont toute leur place dans l'histoire de notre Nation, ainsi que l'ont rappelé Lionel Jospin en 1998 et Nicolas Sarkozy en 2008 et il nous appartient aujourd'hui de poursuivre ce travail de mémoire", a indiqué Kader Arif.
La décision du ministre des Anciens combattants constitue une avancée vers la réhabilitation de certains des 800 fusillés durant la Grande Guerre. Parmi eux, plus de 650 soldats ont été passés par les armes après avoir été condamnés à mort par des conseils de guerre pour désertion, mutinerie, refus d'obéissance ou crimes de droit commun, selon le général André Bach, ex-chef du Service historique de l'armée de terre (Shat) de Vincennes. La réhabilitation de soldats exécutés s'est faite au coup par coup, dès l'après-guerre. Selon le général Bach, une cinquantaine de soldats fusillés ont été au total réhabilités, dont une trentaine en 1934 par la Cour suprême de justice militaire.