A Grenoble, où deux établissements privés sur trois sont touchés par le mouvement, les grévistes ont organisé symboliquement un don du sang à l'Etablissement Français du Sang.
Mardi 13 novembre au matin, médecins et internes faisaient la queue au centre de transfusion, bien décidés à donner leur sang pour faire faire passer un message médiatique: "les médecins vous soignent, les mutuelles vous saignent !". Sous entendu, les mutuelles ont largement les moyens d'absorber les dépassements d'honoraires.
En attendant, le mouvement de grogne d'une partie des médecins libéraux et des internes, qui a provoqué la fermeture de nombreux blocs opératoires, se prolonge, ravivant parfois les divisions entre le public et le privé.
La grève illimitée des spécialistes de bloc opératoire (anesthésistes, obstétriciens, chirurgiens) entamée lundi a été très suivie, touchant nationalement deux tiers des cliniques privées, selon la fédération de l'hospitalisation privée.
Chez les internes, le ministère de la Santé a recensé 18,85% de grévistes dans les CHU (centre hospitalier universitaire).
En Rhône-Alpes, "Le mouvement de grève est toujours bien suivi mardi dans le privé où environ la moitié de l'activité n'est pas opérationnelle, mais il n'y a pas de répercutions majeures", selon l'Agence régionale de santé.
La grogne s'est cristallisée autour de l'accord sur les dépassements d'honoraires auquel les grévistes reprochent de ne pas assez prendre en compte les spécificités de certaines spécialités comme la chirurgie.
De leur côté, les internes en profitent pour mettre en avant leurs propres revendications concernant leurs conditions de travail et leurs craintes sur leur liberté d'installation.
Le clivage public/privé
Reste que la grogne semble ranimer le clivage entre praticiens du public et du privé. La FHP (cliniques privées) a fait part dans un communiqué de ses "sérieuses inquiétudes pour l'avenir" des cliniques et des hôpitaux privés. "Sans clarification publique claire des intentions du gouvernement", la FHP s'associera "pleinement et massivement" au mouvement, selon son président Jean-Loup Durousset.
Lundi 12 novembre, la Fédération Hospitalière de France (FHF), qui représente les hôpitaux publics, avait demandé la réquisition de chirurgiens libéraux dans les cliniques privées pour que la grève ne touche pas trop les hôpitaux.