Une grève illimitée des chirurgiens libéraux est menée par le syndicat "Le Bloc", majoritaire chez les chirurgiens et autres spécialistes de bloc opératoire. Ce 12 novembre dans les Alpes, le mouvement est très suivi.
Le mouvement concerne plus particulièrement les cliniques privées. Dans l'agglomération de Grenoble, par exemple, les opérations ont été repoussées à la clinique des Cèdres ou encore à la clinique d'Alembert. 30% des interventions, seulement, ont pu avoir lieu à la clinique Belledonne. Seules les urgences vitales sont prises en charge, le mouvement risque donc d'avoir des répercussions sur les services d'urgence des hôpitaux publics.
A Grenoble, certains médecins en grève envisagent d'aller donner leur sang, mardi, au centre de transfusion sanguine pour illustrer le slogan "les médecins vous soignent, les mutuelles vous saignent !". Sous entendu, ce sont les mutuelles que l'on trouve derrière l'accord sur l'encadrement des honoraires.
L'accord dans le viseur
L'accord qui provoque la colère a été conclu le 25 octobre dernier. Il est connu sous l'appellation d'"avenant n°8". C'est un avenant à la convention médicale qui régit la rémunération des médecins libéraux, signé par les syndicats représentatifs, l'Assurance maladie et les complémentaires santé (mutuelles, assurances...).Cet accord qui introduit le critère de "dépassement abusif", fixe dans son préambule le chiffre de 150% au delà du tarif Sécu comme "repère" pour définir les abus et prévoit des sanctions après examen de commissions paritaires.
Les revendications
Le syndicat Le Bloc souhaiterait que, dans le cadre par exemple d'un "avenant 8 bis", le cas des chirurgiens et autre praticiens de bloc soit considéré à part car, selon lui, ils ont des charges plus importantes que d'autres confrères.
Le Bloc réclame aussi une revalorisation de 25% par la Sécu des actes de chirurgie.
"Dans l'accord, il y a des revalorisations des actes qui sont prévues sur les trois prochaines années (8% sur 3 ans)", a fait valoir la ministre de la santé, Marisol Touraine. Mais, a-t-elle ajouté, "on ne peut pas demander à ce gouvernement de procéder aux revalorisations qui n'ont pas été faites depuis 30 ans en quelques mois et notamment en période de contrainte budgétaire".
Les patients réagissent
La grève des chirurgiens et médecins, liée à l'accord sur les dépassements d'honoraires, ne se fait "pas au nom des usagers" mais "dans l'intérêt de certaines catégories", a dénoncé lundi un collectif de patients.
"C'est le nouvel accord sur les dépassements d'honoraires qui a mis le feu aux poudres" mais cet accord "ne limite absolument pas les dépassements d'honoraires", juge le CISS (Collectif interassociatif sur la Santé) dans un communiqué.