Véritable serpent de mer, le centre hospitalier de la Bâthie en Savoie, ne devrait pas voir le jour. Pourtant attendu depuis 8 ans, le projet d'hôpital nécessite 100 millions d'euros que l'Etat ne peut investir.
La nouvelle est tombée le 14 novembre : pas d'hôpital pour la commune de la Bâthie. C'est l'Agence Régionale de Santé qui l'a annoncé lors d'une réunion. Le financement du projet est au coeur du problème : l'Etat ne peut pas débourser les 100 millions d'euros nécessaires à la création de l'établissement.
Pourtant, il avait presque tout pour réussir : le soutien des élus, du CHAM (Centre Hospitalier Albertville-Moûtiers), un terrain de douze hectares...
Parmi les grands déçus de la nouvelle, Denis Muraz, le maire de la Bâthie qui travaille sur le projet depuis 2008. Outre un dynamisme économique qui ne verra pas le jour, l'élu déplore le renforcement du désert médical. Avec la création d'un nouvel établissement, il espérait attirer de bons praticiens dans le secteur. En tout, plus de 300 000 euros ont été dépensés en études pour s'assurer de la viabilité du projet - une somme partie en fumée, selon certains.
Yves Maniglier, directeur du CHAM et un des porteurs du projet, n'a pas souhaité s'exprimer sur cette "décision venant du ministère de tutelle". Les élus des syndicats CGT, de leur côté, assurent que tout le personnel hospitalier est déçu par cette annonce. Depuis la fusion en 2005 des sites d'Albertville et de Moûtiers, ils disent "passer plus de temps sur les routes" entre les deux communes. Les employés ont donc mis beaucoup d'espoir dans la création d'un établissement de santé unique. "Il faut veiller au besoin du patient en priorité" a finalement déclaré une des élues CGT.
Lors d'une réunion du 14 novembre, l'Agence Régionale de Santé (ARS) de Rhône-Alpes a annoncé que le projet de centre hospitalier de la Bâthie ne figurerait pas dans le Plan Hôpitaux 2012 - qui concerne les aides financières apportées par l'Etat pour restructurer les établissements de santé. Pourtant, le coût du projet avait été revu à la baisse : il était passé de 130 à 100 millions d'euros. Une somme que l'Etat ne déboursera donc pas pour le moment.
Lors d'une visite à la Bâthie le 27 avril 2011, Xavier Bertrand, alors ministère de la Santé, avait pourtant reconnu qu'une rénovation de l'actuel CHAM serait très coûteuse, il avait aussi trouvé le projet d'hôpital intelligent et cohérent. Un an après, François Fillon avait confirmé son "accord de principe pour le financement du nouvel hôpital", par un courrier adressé à Philippe Masure, président du conseil de Surveillance du CHAM.
