Le généticien Laurent Ségalat, acquitté en première instance du meurtre de sa belle-mère, a été jugé coupable en appel et condamné à 16 ans de prison par le Tribunal cantonal de Lausanne.
Ce chercheur au CNRS, qui habite à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), n'a pas assisté à la lecture du jugement, ce vendredi 30 novembre.
"Laurent Ségalat s'est rendu coupable de meurtre", celui de Catherine Ségalat morte le 9 janvier 2010 à l'âge de 67 ans chez elle, à Vaux-sur-Morges, en Suisse.
M. Ségalat la considérait comme sa mère car il la connaissait depuis qu'il avait sept ans et demi, a souligné le président du tribunal, Marc Pellet, demandant ensuite son "arrestation immédiate" en raison du "risque évident de fuite".
La France n'extrade pas ses ressortissants, mais la Suisse pourrait demander l'exécution d'une peine dans l'Hexagone.
M. Ségalat a également été condamné à verser 30.000 francs suisses (25.000 euros) à chacune des deux soeurs de la victime, parties civiles dans ce procès.
Le jugement a été accueilli par les pleurs de ses trois filles présentes dans la salle, sa compagne ayant quant à elle précipitamment quitté les lieux sitôt que le jugement avait pris une tournure défavorable.
Pour son avocat, Gilles-Jean Portejoie, "le combat continue". Le Français peut faire un recours en matière pénale devant le Tribunal fédéral, dans un délai de 30 jours dès la réception du verdict complet (ce qui peut prendre des semaines).
Pas de mobile mais une agression
Pour le président du tribunal suisse, Laurent Ségalat "est l'auteur des graves lésions infligées à la victime". "Des traces biologiques permettent de faire la corrélation" entre les plaies de la victime et celles de M. Ségalat, a-t-il ajouté.
Evoquant les griffures que Laurent Ségalat avait au visage et au bras à l'arrivée des secours, les juges considèrent qu'elles ne peuvent être liées à une manoeuvre de réanimation, hypothèse soutenue par la défense, et "la pluralité des explications au sujet des griffures montre (...) qu'il ne dit pas la vérité". De même, ils concluent que le nettoyage du lieu que M. Ségalat a réalisé avant d'appeler les secours "avait pour but d'altérer la scène du crime. Il s'agit d'un comportement de dissimulation".
"Le prévenu est l'auteur de l'agression. Il n'existe pas d'autre éventualité. L'hypothèse de l'agression d'un rôdeur peut être définitivement écartée", a-t-il dit.
Le procès de juin
Le procès de juin avait abouti à un acquittement au bénéfice d'"un doute suffisant", l'accusation n'ayant réussi ni à prouver la culpabilité de M. Ségalat ni même à dégager un mobile indiscutable pour la mort de Catherine Ségalat.
La plupart des questions avaient été laissées sans réponses malgré sept jours d'audiences : comment expliquer le temps mis par le généticien, près de trois heures, pour appeler de l'aide après la découverte du corps sans vie, comment expliquer les griffures qu'il avait aux bras, son ADN sous les ongles de la victime, le fait qu'il ait lavé le sol, changé, à deux reprises, de chemise qui à chaque fois était souillée de sang.
Pour le Tribunal cantonal de Lausanne, les juges de première instance ont "apprécié de manière erronée" les faits. Il estime que leur "doute est théorique et inconsistant".
M. Pellet a souligné que le Tribunal avait désormais la "conviction absolue que les faits sont imputables à Laurent Ségalat". Il a aussi mentionné les "violents coups portés" à la tête de la victime.
Certes, l'enquête n'a pas pu déterminer un mobile, mais les experts ont relevé que "chez Laurent Ségalat une simple dispute peut certainement dégénérer en agression", a-t-il dit.
Pour ce qui est de l'arme du crime, jamais retrouvée, le mystère demeure. Dans son verdict, le tribunal mentionne l'éventuel "usage d'un marteau" sans toutefois que cela ne soit clairement établi par l'enquête.