Assigné à résidence à Brioude, en Haute-Loire, depuis le 29 octobre dernier, Saïd Arif souhaite pouvoir quitter la France qui l'a condamné en 2007 pour association de malfaiteurs en relation avec des réseaux terroristes.
Condamné à 10 ans de prison en 2007 pour association de malfaiteurs en relation avec des réseaux terroristes, Saïd Arif a vu sa peine de prison se terminer en 2011. Compte tenu des menaces qui pèsent sur lui dans son pays d'origine, la Cour Européenne de justice a refusé son extradition vers l'Algérie. Depuis le 29 octobre, il est assigné à résidence à Brioude en Auvergne. Entretien.
Sébastien Kerroux: Qu'est-ce qui pose problème et vous empêche de quitter la France aujourd'hui?
Saïd Arif: Je ne pense pas qu'il y ait un pays qui voudrait accepter quelqu'un qui a été condamné dans une affaire de terrorisme et il y a peu de chances que mes démarches aboutissent.
SK: Que demandez-vous aujourd'hui à la France?
SA: Que soit levée l'assignation à résidence car si elle est levée, le problème sera résolu immédiatement puisque je pourrai choisir le pays où je veux aller sans créer d'embarras à ce pays. En plus, je dois me présenter à la gendarmerie quatre fois par jour, je n'ai pas le droit de travailler, je n'ai aucune ressource, je dois justifier de mes démarches auprès de pays étrangers et envoyer par courriers recommandés les justifications de ces démarches au préfet.
SK: Compte tenu de votre passé, comprenez-vous que la France veuille savoir où, vous, vous voulez aller?
SA: Ça, c'est extrajudiciaire. Pourquoi? Parce que si on a purgé une peine, on n'a plus de compte à rendre et on ne peut pas me demander ce que je vais faire de ma vie. Et puis j'ai été condamné et poursuivi pour des faits qui ont été commis à l'étranger. Je n'ai jamais mis les pieds en France, je ne suis pas français, la France n'avait aucun droit de me poursuivre ni de me condamner. Quoi que je fasse de ma vie, ça ne regarde pas la France alors qu'ils me lâchent !
SK: Pourquoi, selon vous, la France vous voulait tant à l'époque?
SA: Je pense que c'est à cause d'une rivalité, d'une compétition entre les pays, surtout avec les Etats-Unis à ce moment-là. On n'était pas loin du 11 septembre, il y avait la chasse aux terroristes, c'était à celui qui allait attraper le plus gros poisson. Je pense que c'est ça car il n'y a rien qui me relie à la France. Je vous rappelle la phrase de Dominique de Villepin le jour de mon arrestation: "on a attrapé un gros poisson" et s'ils m'ont condamné, c'était pour justifier tout le tapage médiatique.
SK: Qu'est-ce que vous avez commis?
SA: Contre la France, rien du tout. S'ils veulent me condamner pour des faits commis à l'étranger, c'est la compétence du tribunal international mais moi je dis que je n'ai rien fait d'illégitime.
SK: A quoi aspirez-vous aujourd'hui?
SA: J'aspire à une nouvelle vie mais encore faudrait-il qu'ils m'en donnent la possibilité.