Les auvergnats Laurent Wauquiez et Brice Hortefeux, respectivement filloniste et copéiste, ont été nommés, mardi, vice-présidents de l'UMP.
Une paix fragile s'est installée mardi à l'UMP avec la fin du groupe parlementaire filloniste (R-UMP) et l'annonce d'une nouvelle équipe dirigeante composée à parité de soutiens de Jean-François Copé et de François Fillon, les deux rivaux ayant mis la main sur les postes stratégiques.
Le premier acte de la réconciliation a eu lieu mardi matin avec l'absence de tout représentant du R-UMP à la conférence des présidents de l'Assemblée nationale, signifiant ainsi la fin du groupe parlementaire filloniste. Au plus fort de la crise, la naissance du Rassemblement-UMP, qui avait vu 73 députés quitter le groupe UMP, avait symbolisé une scission sans précédent au sein du premier Parti d'opposition. "Il y a la même volonté unanime de tourner la page", s'est félicité Jean-François Copé, en présentant quelques heures plus tard la nouvelle équipe dirigeante du Parti, chargée de faire fonctionner le mouvement jusqu'au nouveau vote des adhérents, en septembre 2013.
D'ici là, Jean-François Copé aura à coeur de jouer tout son rôle de président de l'UMP pour se poser en premier opposant à François Hollande. Mais "c'est maintenant un président encadré", veut croire un filloniste. Pour cette réunification de la famille devant les caméras, François Fillon manquait à l'appel. "Pris par un engagement personnel de longue date", selon son entourage, il avait choisi de ne pas être à Paris.
Dans la nouvelle direction, comme prévu, les fillonistes Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse flanqueront les copéistes Luc Chatel et Michèle Tabarot, respectivement comme vice-président et secrétaire générale déléguée. Mais un petit couac est intervenu avec les autres vice-présidences. Dans un premier temps, M. Copé a dévoilé quatre noms à la presse, dont trois copéistes -- Jean-Claude Gaudin, Brice Hortefeux, Roger Karoutchi -- et un seul filloniste, Christian Estrosi. Deux heures plus tard, l'entourage de François Fillon a annoncé à l'AFP deux vice-présidents supplémentaires, en l'occurrence les fillonistes Gérard Longuet et Henri de Raincourt.
"Les choses évoluent. Elles ne sont pas figées", expliquait-on alors dans l'entourage de M. Copé. D'autres vice-présidents devraient d'ailleurs être nommés ultérieurement. Circule notamment le nom de la copéiste Rachida Dati, ennemie intime de François Fillon à Paris, et déjà en lice pour la primaire ouverte dans la capitale annoncée par M. Copé.
Des duos occupent tous les postes opérationnels: Nadine Morano (pro-Copé) et Dominique Bussereau (pro-Fillon) aux élections, Edouard Courtial (pro-Copé) et Eric Ciotti (pro-Fillon) aux fédérations etc.
La délégation générale au projet sera confiée au député de la Drôme Hervé Mariton, resté neutre durant la campagne et en première ligne contre le mariage homosexuel. Il sera assisté de Valérie Debord (pro-Copé) et de Bruno Retailleau (pro-Fillon). "Dans tous ces postes, il n'y a rien pour les motions" en lice lors du vote des adhérents, en novembre dernier, a pesté un député membre d'une de ces motions, sous couvert d'anonymat. "Est-ce qu'on ne retombe pas dans un système de barons?", se demande cet élu.
Visiblement soucieux de ne rien laisser au hasard, MM. Copé et Fillon se sont mis d'accord pour co-présider la commission d'investiture du parti, stratégique en vue des municipales de mars 2014.
Le même duo prendra la main sur la commission chargée de réécrire les statuts de l'UMP, cénacle tout aussi important puisqu'il définira les conditions de la primaire pour la Présidentielle de 2017.
Si copéistes et fillonistes se sont embrassés devant la presse au siège de l'UMP, certains ne masquaient pas leur pessimisme pour la suite. "Dès qu'on rentrera dans l'organisation de la nouvelle élection" de septembre, "on peut revenir à une situation assez tendue", craint un député filloniste, qui ne fait guère confiance à M. Copé.
"Jean-François Copé a un objectif, c'est d'être président de l'UMP. Il n'est pas devenu un agneau du jour au lendemain", glisse cet élu.