Après les manifestations des "pro" et des "anti" dans la rue, le débat sur le projet de loi sur le mariage pour tous débute aujourd'hui à l'assemblée nationale. Un texte qui divise la société française mais dont François Hollande a fait un engagement de sa campagne présidentielle.
Après la manifestation dimanche des partisans du mariage homosexuel, la bataille va se porter pour deux semaines à l'Assemblée nationale, où s'ouvre mardi le débat sur le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe.
Décidés à ne pas laisser le terrain aux opposants sur un sujet qui divise fortement la société française, les partisans du mariage homo ont rassemblé, dimanche à Paris, entre 125.000 et 400.000 personnes selon les sources, trois fois moins que les "anti" il y a deux semaines, mais bien plus que lors de leur précédente mobilisation à la mi-décembre. Même si l'issue du vote ne fait aucun doute, la guerre de tranchées va pouvoir démarrer dans l'hémicycle.
La majorité, qui ne veut pas être accusée d'éluder le débat, n'a pas demandé de temps programmé, comme le règlement lui en laisse la possibilité. L'opposition, qui a averti depuis longtemps qu'elle utiliserait tous les moyens parlementaires à sa disposition pour s'opposer au projet, défendra trois motions de procédure - dont une motion exigeant un référendum sur le mariage - et plus de 5.000 amendements.
Le groupe socialiste, lui, n'en défendra que deux, "bon nombre de nos propositions ayant été ajoutées au projet initial en commission des Lois", a expliqué à l'AFP la députée PS Corinne Narassiguin. Les débats devraient en conséquence durer deux semaines, week-ends compris, et le président socialiste de l'Assemblée, Claude Bartolone, a fait savoir qu'il présiderait lui-même chacune des séances.
Christiane Taubira, la garde des Sceaux, avait de nouveau voulu rassurer, dimanche : "Il n'y a pas de raisons que les couples hétérosexuels soient protégés par l'Etat et que les couples homosexuels ne puissent pas bénéficier de cette protection", avait-elle dit au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI. "Pas de raisons non plus pour que les enfants des couples hétérosexuels bénéficient d'une sécurité juridique, tandis que les enfants d'homosexuels n'en bénéficient pas", avait-elle ajouté. Il y aurait en France plusieurs dizaines de milliers d'enfants dans ce cas.
Elle a aussi assuré que les termes de "père" et de "mère" ne disparaîtraient pas du Code civil et que les livrets de famille, au moins pour les hétérosexuels, resteraient inchangés. Mais l'opposition ne désarme pas, surtout sur la question de la filiation : un enfant ne peut se construire normalement qu'avec des parents de sexe différent, dit-elle, à l'instar de certains psychiatres.
Plutôt "une alliance civile" pour l'opposition
Comme Christian Jacob lundi matin sur i-Télé, les députés de l'opposition accusent le gouvernement de "tromperie" sur le mariage homosexuel. En retirant la question de la PMA (procréation médicalement assistée) de ce projet de loi sur le mariage et en promettant de l'inclure dans un prochain texte sur la famille, le gouvernement "vend sa réforme par appartements", selon lui. D'autant, fait valoir le chef de file des députés UMP, que si la PMA est accordée aux couples d'homosexuelles, les couples homosexuels ne manqueront pas de demander la gestation pour autrui (GPA).
Pour Philippe Gosselin, orateur de l'UMP avec Hervé Mariton député de la Drôme, ce projet est "un texte majeur et personne ne comprendrait que l'on soit uniquement sur la défensive et pas dans la proposition". En conséquence, les députés UMP et certains UDI, comme Charles de Courson, plaideront, par le biais d'amendements, en faveur d'une alliance civile qui garantirait aux couples homosexuels une sécurité comparable au mariage. Ils devraient faire aussi un certain nombre de propositions en faveur d'un statut du tiers (statut du beau-parent).