L'hebdomadaire "Les potins d'Angèle" publie un document édifiant sur le chantier en cours du Musée des confluences à Lyon : L'architecte du projet pointe du doigt "des dysfonctionnements majeurs et persistants dans l'exécution de l'ouvrage". Le conseil général minimise la portée de ces "chicanes".
Dans son n°52 publié jeudi 28 Mars, l'hebdomadaire satyrique "Les potins d'Angèle" publie une lettre adressée à Vinci, le maître d'oeuvre du nouveau musée des confluences, par l'architecte du projet. Un document édifiant daté du 8 février 2013 où il est fait état de "dysfonctionnements majeurs et persistants" sur le bâtiment en cours de construction.
Dans ce courrier, Marcus Prossnigg, l'architecte de cet édifice à l'architecture complexe, met en cause le groupe "Vinci constructions" sur l'exécution et le respect de ses obligations contractuelles. Il dénonce notamment un manque d'études qui peut nuire à l'avancement et à la qualité des travaux. "En conséquence, nous émettons, écrit -il, les plus extrêmes réserves sur le respect du planning". Une façon de se dédouaner au cas où la date d'achèvement du chantier prévue au printemps 2014 ne pourrait être tenue.
Mais au-delà de ces problèmes de calendrier, l'architecte pointe du doigt de sérieuses malfaçons qui auront un impact significatif, non seulement aujourd'hui, dans le montant global du musée mais aussi ultérieurement, dans l'entretien de ce bâtiment. Marcus Prossnig relève ainsi que "des ouvrages pour lesquels vos sous-traitants interviennent sans plan, sans directive, sans coordination (...) seront amenés à être détruits et reproduits". En clair, l'architecte prend d'ores et déjà ses distances avec le maître d'oeuvre, accusé de ne pas respecter les contraintes et les normes de construction pour mieux se protéger par la suite d'éventuelles poursuites.
"Des chicanes"
Le Conseil général minimise la portée de ce courrier en évoquant des chicanes qui sont "monnaie courante" entre les architectes et le maître d'ouvrage sur ce type de chantier. "Il est normal qu'il y ait des dissonances explique Denis Longin, le porte-parole du département : "ça fait partie des aléas d'un chantier comme celui-là, qui n'est pas remis en question". Il semblerait néanmoins que l'incompréhension puisse être aussi mise sur le compte d'une différence de culture entre un architecte germanique et une entreprise française. '"L' architecte veut quelque chose de conforme à ce qu'il avait conçu et cela nécessite quelques ajustements".La complexité de l'ouvrage serait aussi en cause :"Le bâtiment est en lui-même une oeuvre d'art. C'est donc un chantier complexe qui suit son cours". Pour le département, il ne s'agirait donc pas là d'un dysfonctionnement majeur. L'ouverture du musée est toujours prévue à l'automne 2014.
Un dossier embarrassant
Le dossier n'en reste pas moins embarrassant pour le Conseil général du Rhône qui est le maître d'ouvrage et le commanditaire des travaux. La lettre de l'architecte est particulièrement évocatrice des difficultés rencontrées sur ce chantier, déjà abandonné une première fois. Le maître d'oeuvre précédent avait déclaré forfait à cause de la complexité particulière de cet édifice aux lignes audacieuses et aux profilés futuristes.Cette lettre explicite sans ambiguïté des surcoûts probables et crée une problématique nouvelle dans la perspective de la création programmée d 'une Euro-métropole à Lyon. C'est le département qui a initié la construction de ce musée des confluences et qui finance l'investissement. Mais en définitive, c'est la métropole lyonnaise qui devrait hériter à terme de la charge financière du Musée et de son entretien. Un musée qui devait ouvrir en 2009, dont la facture devait s'élever à 60 millions d'euros. Il n'ouvrira en définitive pas avant l'automne 2014 et coûtera au bas mot 300 à 350 millions d'euros. Un très beau musée donc mais qui reviendra cher à la collectivité.