Guerre contre le tabac relancée... chasse à la cigarette électronique déclarée

Face aux résultats décevants de la lutte anti-tabac en France, la ministre de la Santé a souhaité, vendredi 31 mai, relancer la guerre contre la cigarette et déclaré la chasse à la cigarette électronique, avec une interdiction programmée dans les lieux publics

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Ces appareils sans tabac qui imitent la cigarette et délivrent la nicotine sous forme de vapeur, sont "très appréciés" en France avec près d'un million d'utilisateurs, a expliqué la ministre de la Santé, Marisol Touraine lors d'une conférence de presse.
S'appuyant sur un rapport du pneumologue Bertrand Dautzenberg, elle a jugé que la "e-cigarette" n'était "pas suffisamment encadrée" alors que les risques sanitaires à long terme étaient encore méconnus.
Mais "rien ne permet de justifier une interdiction générale de la cigarette électronique qui constitue un moyen pour les gros fumeurs de s'engager vers l'arrêt", a indiqué la ministre.
La e-cigarette réputée moins coûteuse et dangereuse que le tabac, permet à un fumeur de relâcher l'emprise de la cigarette mais pas forcément de se défaire véritablement de l'addiction à la nicotine. "Ce n'est pas un produit banal" parce qu'elle peut inciter des jeunes à entrer dans le tabac, a expliqué Mme Touraine qui a "décidé d'étendre aux cigarettes électroniques les mesures appliquées au tabac", avec une "interdiction de publicité" et une "interdiction de vente aux mineurs".
La ministre veut aussi bannir l'usage de l'appareil dans les lieux publics comme c'est le cas depuis février 2007 pour la cigarette et le conseil d'Etat sera consulté sur ce point.
Un fabriquant de cigarettes électroniques, Fuu a exprimé son "incompréhension et inquiétude" face à cette future interdiction pour les adeptes d'e-cigarettes qui va les "stigmatiser et les renvoyer au fumoir".
Logo pour femmes enceintes
Concernant le vrai tabac, la ministre veut relancer la guerre, partant du constat que la consommation chez les jeunes ne décline pas (+10% en trois ans chez les jeunes de 17 ans), et que la France est devenu "mauvais élève" en Europe, notamment pour le nombre de femmes enceintes qui fument (17%).
La ministre veut instaurer avant l'été 2014 un logo pour avertir les femmes qui attendent un enfant, comparable à ce qu'on trouve sur les bouteilles d'alcool.
En direction des jeunes, elle veut faciliter leur accès aux méthodes de sevrage et cibler ce public dans les campagnes anti-tabac.
La ministre voudrait aussi multiplier les espaces non-fumeurs dehors, comme les abris bus ou parcs pour enfants et compte "mobiliser" les municipalités sur ce point.
Un label "terrasse non fumeurs" pour ceux qui veulent consommer dehors sans respirer la fumée des voisins, pourrait aussi être créé avec le soutien de la principale fédération de l'hôtellerie/restauration, UMIH.
Parallèlement l'Etat continue à actionner le levier des prix pour tenter de faire baisser la consommation, avec la hausse planifiée de 5% des taxes sur le tabac pour le 1er juillet.

Le président de l'association anti-tabac Alliance contre le tabac, le député  UMP Yves Bur, a jugé ces mesures trop "timides": "Pour être efficace, il faut jouer sur tous les vecteurs en même temps, surtout en aidant les fumeurs à sortir de la dépendance".


    
                                                                                         

La présidente de l'Institut national du cancer (Inca), Agnès Buzyn, a appelé à une politique plus "volontariste" contre le tabac. "Nous devons repenser en profondeur notre système de lutte contre le tabagisme face à cette bombe à retardement sanitaire. La médecine est à court d'arguments, le temps est à la volonté politique" écrit-elle
vendredi 31 mai dans une tribune au Monde.


La présidente de la Ligue contre le cancer, Jacqueline Godet, a réclamé "un prélèvement sur les bénéfices des industriels du tabac" pour financer les frais énormes liés au tabac. Une pétition lancée en ce sens par l'association a recueilli plus de 100.000 signatures.


 

La cigarette électronique, gadget fumeux ?

Inventé en Chine en 2005, l'appareil présente à son extrémité une diode simulant visuellement la combustion et contient une cartouche dont la solution s'échauffe au contact d'une résistance. Des flacons de "e-liquides", composés de propylène glycol ou de glycérol, de divers arômes et éventuellement de nicotine, permettent de recharger la cartouche usagée.


Selon les fabricants, le produit serait utilisé par 500.000 personnes en France mais, pour le Pr Dautzenberg, le nombre d'utilisateurs pourrait déjà atteindre le million, avec un chiffre d'affaires avoisinant les 100 millions d'euros, équivalent au marché des produits permettant d'arrêter le tabac. Mais son efficacité pour arrêter de fumer tout comme sa nocivité continuent à faire l'objet d'un vaste débat chez les tabacologues.

 

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