Marion Bartoli tire sa révérence. Elle l'a annoncé ce mercredi à l'issue de sa défaite au tournoi de tennis de Cincinnati. Elle prend donc sa retraite après 22 ans passés sur les cours de tennis et s'autorise à faire autre chose que du tennis à l'avenir.
Marion a une nouvelle fois surpris son monde. Ce mercredi, alors qu'elle faisait un point presse sur sa défaite au 2ème tour du Masters de Cincinnati, Marion Bartoli a annoncé qu'elle prenait sa retraite, seulement six semaines après son sacre à Wimbledon. "Je n'y arrive tout simplement plus, a déclaré la joueuse de 28 ans. Maintenant mon corps n'arrive plus à tout supporter". (...) "J'ai subi beaucoup de blessures depuis le début de l'année. Je suis le circuit depuis si longtemps, et j'ai vraiment forcé et tout donné pendant ce Wimbledon. J'ai senti que j'avais épuisé toute l'énergie restante dans mon corps. J'ai réalisé mon rêve et ça restera avec moi pour toujours, mais maintenant mon corps n'arrive plus à tout supporter."
Une joueuse pas comme les autres
La n°1 française et n°7 mondiale n'est ni la plus talentueuse ni la plus impressionnante des joueuses du circuit, mais sans doute celle qui a le mieux exploité son potentiel, à un degré qui force le respect. Handicapée par un physique qu'elle qualifie elle-même de commun, obligée de faire "plus de sacrifices que les autres" pour afficher le niveau de forme exigé, elle n'est à la base "pas faite pour le haut niveau", a toujours dit son père Walter, un médecin, qui l'a initiée au tennis à l'âge de six ans.
A Retournac, en Haute-Loire, Marion Bartoli commence à s'entraîner dans un gymnase sans recul, si petit qu'elle est "obligée de jouer dans le court" pour ne pas toucher le mur avec sa raquette. C'est ainsi qu'elle développe son jeu vers l'avant et agressif à deux mains en revers et en coup droit, comme son idole Monica Seles.
Elle met du temps à percer au plus haut niveau, une lenteur qu'elle attribue à la priorité accordée aux études jusqu'à la sortie de l'adolescence. "Je n'avais pas le projet d'être professionnelle jusqu'à ma victoire à l'US Open juniors à 17 ans. J'avais plus de facilité à l'école qu'en tennis", explique celle qui a "toujours voulu être la première" et qui parlait de "catastrophe" lorsqu'elle ramenait un 19,5 sur 20 à la maison. Dès ses premiers pas sur le circuit, qui en pourtant vu d'autres, elle détonne aux côtés de son père, un duo fusionnel et exclusif qui l'empêche pendant très longtemps de s'ouvrir aux autres.
Elle refuse ainsi pendant huit longues années de jouer pour l'équipe de France de Fed Cup parce que son père, dont elle ne veut pas se séparer, n'a pas le droit de l'y accompagner, avant de faire son retour en avril dernier. Les autres joueuses ne voient pas toujours d'un oeil bienveillant cette Auvergnate orgueilleuse et susceptible, qui revendique ses origines corses.
Une joueuse malmenée
Sur internet, les anonymes se lâchent carrément. On l'y affuble de surnoms affreux. On moque son surpoids et ses séances d'entraînement baroques où elle peut apparaître harnachée d'énormes élastiques. On rigole devant ses rafales de coups à vide qu'elle fait, tournée vers les bâches, "depuis toute petite". Bartoli, elle, a du mal à trouver des sponsors. "Je suis onzième mondiale mais je vais acheter mes chaussures et mes tenues au magasin comme tout le monde. Peut-être je ne suis pas assez blonde, assez grande ou assez mince", dit, en 2010, cette inconditionnelle de l'Olympique de Marseille. Au prix de plusieurs soubresauts et va-et-vient, elle s'affranchit de la tutelle de son père, par consentement mutuel, au cours d'un printemps maussade sur les courts mais déterminant dans sa vie. D'ailleurs c'est à lui qu'elle dédie sa victoire au grand Chelem de Wimbledon.
Marion Bartoli n'a jamais fait les choses comme tout le monde. Son dernier fait d'arme, l'annonce de sa fin de carrière. Surprenant d'ailleurs alors qu'elle avait déclaré après Wimbledon vouloir s'imposer à l'US Open qui débute le 26 août prochain.