Réduire les ondes, possible à condition de tripler les antennes-relais

Abaisser la puissance des antennes-relais pour réduire l'exposition aux ondes, c'est théoriquement possible à condition d'au moins tripler le nombre des antennes sur les toits pour conserver la même qualité de téléphonie mobile, concluent des simulations remises lundi au gouvernement.

Au moins trois fois plus d'antennes à Paris XIVe, à Grenoble, à Lavelanet (Ariège) ou à Thiers (Puy-de-Dôme), quatre fois plus à Grand-Champ (Morbihan)... C'est à ce prix que les villes pourraient concilier "faible exposition" et "couverture satisfaisante", selon des modélisations portant sur ces cinq villes.
 
La France compte déjà 50 000 antennes-relais pour la téléphonie mobile. Issu en 2009 du Grenelle des ondes, un comité opérationnel réunissant Etat, opérateurs de téléphonie, élus locaux et associations, a étudié "la faisabilité d'une réduction de l'exposition du public aux ondes" sous le seuil de 0,6 volt par mètre, défendu par des associations comme un "seuil de protection" sanitaire. Il a ainsi simulé un tel abaissement de l'exposition dans plusieurs villes puis calculé le nombre d'antennes qu'il faudrait rajouter pour préserver la qualité de couverture.
 
Le débat sur l'impact sanitaire des ondes émises par les antennes-relais, wifi, téléphones portables et autres équipements radio est loin d'être tranché. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé en mai 2011 les ondes comme potentiellement cancérigènes mais les opérateurs de téléphonie s'appuient sur le dernier avis en date de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), en 2009, pour écarter tout danger. Cet avis doit être prochainement actualisé.
 
En France, l'émission des équipements source d'ondes radio est réglementairement plafonnée entre 41 et 61 V/m (volt/mètre), un seuil qui protège des effets "thermiques" des ondes.
 

Ministres prudents

 
L'association Robin des Toits défend un plafond de 0,6 V/m, estimant que des études ont mis en évidence des effets sanitaires à partir de ce niveau. Ce seuil "ne répond toutefois à aucune norme sanitaire ni scientifique", précise l'Agence nationale des fréquences (ANFR).
 
Selon les simulations, l'abaissement de l'exposition à 0,6 V/m "s'accompagnerait d'une forte détérioration de la couverture réseau, en particulier à l'intérieur des bâtiments" (perte de 82% en intérieur à Paris XIVe par exemple). D'où la nécessité de multiplier les antennes pour maintenir la couverture.
 
D'après un état des lieux mené dans seize zones en France, "90% des niveaux d'exposition modélisés sont inférieurs à 0,7 V/m et 99% à 2,7 V/m", selon le rapport remis aux ministres de l'Ecologie et de l'Economie numérique.
 
Cet état des lieux, mené en 2010 et 2011, n'inclut toutefois ni le réseau 3G de Free Mobile ni les réseaux 4G récemment ouverts au public, précise le rapport, qui souligne que le déploiement de la 4G "devrait s'accompagner d'une augmentation de l'exposition du public". Dénonçant certains résultats "biaisés", Robin des Toits, longtemps associée aux travaux, a pris ses distances avec les conclusions, estimant que "l'objectif poursuivi est de discréditer la valeur cible de 0,6 V/m".
 
La Fédération française des télécoms (FFT), représentant les opérateurs, a pour sa part estimé qu'il "ne serait ni raisonnable, ni supportable par les opérateurs de financer l'installation d'au moins 110.000 antennes-relais supplémentaires" pour se conformer à un seuil de 0,6 V/m "qui n'est recommandé par aucune agence publique d'expertise au monde".
           
Se gardant de trancher, les ministres ont prudemment appelé à la poursuite des "réflexions" et souhaité que "ces travaux puissent (...) nourrir la mission" confiée à Jean-François Girard et Philippe Tourtelier "sur la sobriété en matière d'exposition aux ondes électromagnétiques, et dont le rapport est attendu à la rentrée".
 
Dans un autre rapport, le comité post-Grenelle des ondes fait des recommandations pour améliorer la concertation autour des projets d'antennes-relais, comme "l'information obligatoire des occupants d'un bâtiment préalablement à l'installation d'une antenne" ou "la possibilité pour les maires de demander aux opérateurs des simulations du champ généré par une future antenne", selon les ministères.
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