Après une visite agitée, François Hollande s'est imposé en défenseur de l'élevage lors d'un discours où le chef de l'Etat a listé une série de mesures visiblement bien accueillies par le monde paysan.
Après trois heures passées dans les allées du Sommet de l'élevage, François Hollande a dû se faire une idée des attentes des agriculteurs. On ne peut pas vraiment parler d'une visite chaleureuse. Parfois, le président de la République a été pris à partie au coin d'une allée. Parfois, il s'est vu évacuer d'un hall à vitesse grand V. Sans parler des quolibets. L'avenir de la PAC échauffe les esprits.
Comme pour apaiser, son discours, le président l'a donc commencé par un "je viens ici en Auvergne, en ami, en voisin et surtout en président qui doit comprendre ce qu'attendent les agriculteurs".
"Ma venue ici à Cournon correspond à un moment où l'Etat doit prendre des décisions (...) notamment sur la Politique Agricole Commune", a lancé d'emblée François Hollande. Le président a ensuite livré un plaidoyer pour l'élevage. "Regardons en face la réalité, l'élevage traverse depuis plusieurs décennies des difficultés structurelles, les coûts (des matières premières) sont plus élevées et les rendements sont plus faibles et quand, en plus, la PAC aggrave les choses, c'est encore l'élevage qui en est la victime."
Un plaidoyer pour l'élevage
"Je connais bien ce métier, toute ma vie j'ai vu des éleveurs se battre (...) Au-delà de ce problème, c'est la ruralité qui est en jeu", a témoigné François Hollande, redoutant que "si ça continue des terres vouées à l'élevage passeront aux céréales." Or, "l'élevage préserve le paysage, contribue à la protection de l'environnement", a-t-il ajouté, "ce serait d'autant plus dommage que nous disposons de réels atouts notamment en matière de sélection (...) c'est bien plus qu'un patrimoine. Et laisser les éleveurs ainsi, c'est affaiblir l'ensemble de l'agriculture française."
Dans le contexte mondial, laisser l'élevage de côté serait "un non sens économique (...) d'autant que la demande en viande va augmenter."
Dans ces conditions, depuis un an, l'élevage a été "l'une de nos priorités", a expliqué le chef d'Etat citant diverses mesures qui ont concerné de près, ou de loin (comme la loi bancaire), le monde agricole. François Hollande a aussi évoqué "l'amortissement" des aléas climatique qui ont touché les paysans. Après le constat, des annonces sont tombées.
Simplifier les règles
"J'ai découvert que la France, qui est toujours assez prompte à critiquer l'Europe, et bien la France surtranspose les contraintes européennes (sous entendu, elle en ajoute) Il faut en finir !", a avoué le président parlant de la mise en oeuvre d'un guichet unique pour simplifier les enregistrements notamment (le secteur porcin aurait déjà testé).
La mise en oeuvre de la PAC
"C'est là que vous m'attendez (silence) j'ai cru comprendre. Oui, nous avons pu arracher un accord européen garantissant le budget agricole et la position de la France. Qui aurait cru que nous arriverions à ce niveau là ? Nous avons tenu bon, pas seulement parce que nous avons un intérêt national mais parce que l'intérêt de l'Europe c'est d'avoir une agriculture forte."
Les aides européennes avoisineront donc 64 milliards d'euros pour 2014-2020. "Mais nous avons obtenu de nos partenaires de nouveaux crédits" entre autres alloués au développement rural dans le cadre du "second pilier".
"La nouvelle politique agricole commune, elle doit nous permettre de savoir ce que nous voulons pour demain. Ce que nous voulons, c'est une activité créatrice d'emplois, qui aménage et entretient le paysage et évite la 'déprise' et la friche."
Le président a ensuite avancé ses priorités. La première, soutenir l'élevage. Cela passera par une augmentation des aides (prime à la vache allaitante, prime à l'élevage de montage...). Un travail sera également mené pour réduire l'indépendance fourragère des éleveurs.
Deuxième priorité évoquée, l'accompagnement des éleveurs dans les territoires fragiles avec une revalorisation de leurs aides de près de 15%.
"Voilà ce que nous devions aux éleveurs français", a ponctué François Hollande.
Troisième priorité, "La France agricole des 10 prochaines années (...) 1% du montant total des aides directes sera alloué aux jeunes (...) L'avenir c'est aussi se protéger des aléas. Les outils de prévention et de gestion des risques seront améliorés."
"J'ai conscience que nous devons continuer à améliorer les exploitations", ainsi sera mis en place un fond de modernisation des bâtiments de l'élevage. En mobilisant l'Etat et l'Europe, le président entend mobiliser 200 millions d'euros et permettre, par la même, une amélioration des conditions de travail.
Dernier objectif du gouvernement, la promesse d'une meilleure répartition des aides. Pour cela, "je choisis de surdoter les 52 premiers hectares (...) c'est un choix économique". Une mesure "vendue" comme plus favorable à l'élevage qui devrait permettre de relever le revenu des éleveurs.
"La France dans 10 ans elle doit être plus forte (...) elle doit être capable de prendre part à la compétition mondiale, elle a besoin de paysans", a conclu le chef de l'Etat.