Pour la première fois depuis leur interpellation le 24 septembre, ils se sont retrouvés face à face. Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf étaient ensemble vendredi devant les juges d'instruction à Clermont. La confrontation a démarré à 9 heures. Elle s'est poursuivie durant 6 heures. Pour rien.
Ils sont arrivés au palais de justice de Clermont-Ferrand vendredi matin quasiment à la même heure. Dans deux véhicules différents. Cécile Bourgeon est arrivée de Lyon. Son compagnon, de Moulins. Et ils se sont retrouvés ensemble, dès 9 heures, devant les juges d'instruction chargés de l'enquête sur la disparition de la petite Fiona en mai dernier.
"On n'a pas avancé" sur le lieu où se trouve le corps de Fiona,
a déclaré vendredi l'avocat de Berkane Makhlouf, Me Mohamed Khanifar, après six
heures de confrontation entre la mère de la fillette et son compagnon à Clermont-Ferrand.
"A ce stade, on ne peut donc pas reprendre les recherches", a ajouté le conseil
au sortir du tribunal de grande instance de la ville, où Cécile Bourgeon et Berkane
Makhlouf ont été entendus par les juges en charge de l'enquête sur la mort de l'enfant,
dont le corps reste introuvable après trois opérations de recherches infructueuses.
La justice espérait en savoir davantage sur les circonstances du décès de Fiona
et le lieu où le couple l'a enterrée, en confrontant la jeune femme de 25 ans et
son compagnon. Ceux-ci s'accusent mutuellement d'avoir frappé la fillette, après
avoir affirmé pendant plus de quatre mois qu'elle avait disparu dans le parc de Montjuzet à Clermont-Ferrand, le 12 mai dernier.
"Il me semble qu'ils ne sont pas dans la mystification, ni l'un, ni l'autre. On
est en face d'une difficulté de mémorisation", a ajouté Me Khanifar. Son client
"espérait un sursaut de mémoire", mais "on est en face d'un mur qui nous semble
difficilement franchissable", a poursuivi l'avocat, qui ne voit pas l'intérêt d'une
nouvelle confrontation.
Sur les circonstances du décès, Cécile Bourgeon s'est, selon lui, montrée "beaucoup
moins affirmative sur les deux moments de violences, à une date proche des faits,
qu'elle attribuait à Berkane Makhlouf".
Elle ne s'est pas rétractée, mais "elle est plus évasive, elle a un souvenir beaucoup
plus lâche", a dit Me Khanifar, tandis que Berkane Makhlouf reste "dans l'absolue
certitude que le décès n'est pas lié aux coups qui ont pu être portés par la maman".
Il soutient toujours la thèse de l'accident domestique pour expliquer le décès
La fillette se serait étouffée en vomissant
Pour Me Renaud Portejoie, qui défend Cécile Bourgeon, la confrontation a été "unpeu stérile dans le sens où chacun a maintenu ses accusations et dans le sens où
on n'a pas eu d'élément nouveau sur la localisation de Fiona".
Selon lui, sa cliente "a été formelle sur les coups portés le mardi et le samedi
précédant le décès de Fiona". "Elle a bien imputé ces coups
à Berkane Makhlouf, elle a expliqué les circonstances, elle a maintenu ses accusations", a-t-il insisté.
"Après, elle n'a pas été en mesure d'imputer le décès aux coups qui ont été portés,
ou de l'exclure, alors que de son côté Berkane Makhlouf a clairement dit que le
décès de Fiona revêtait un caractère accidentel et que le
coup qu'il impute à Cécile Bourgeon la veille du décès ne serait de toute façon
pas en relation avec le décès", a conclu Me Portejoie.
Jeudi après-midi, le tribunal correctionnel de Moulins a repoussé au 5 décembre sa décision concernant l'agression de deux surveillants de la prison de Moulins par Berkane Makhlouf. Ce dernier comparaissait pour avoir agressé, menacé de mort et outragé des surveillants les 2 novembre et 14 octobre derniers à la maison d'arrêt de Moulins-Yzeure.