Affaire Valentin: 3ème jour du procès en appel

La défense a fait vaciller ce jeudi 14 novembre les charges pesant sur Noëlla Hégo, jugée en appel devant les assises du Rhône comme "complice" dans l'assassinat, en 2008, du petit Valentin alors âgé de 10 ans. Ce soir, le mystère plane sur le mobile du crime de Stéphane Moitoiret.

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Ce troisième jour d'audience a condensé, dès le matin, les deux questions qui planent sur le procès:

  • sur quoi repose la "complicité de Hégo", absente des lieux du crime ?
  • En écoutant Moitoiret parler clonage et réincarnation, juge-t-on un fou ?
"C'est important, les mots. C'est sur sa parole qu'on l'accuse", a rappelé Me Roksana Naserzadeh, geste large désignant sa cliente, impassible dans le box. La compagne de Moitoiret, 53 ans, avait été condamnée fin 2011 à 18 ans de réclusion par les assises de l'Ain. Les charges de "complicité d'assassinat" reposent sur deux éléments: le concept de "retour en arrière" impliquant la mort d'un enfant, que Hégo dit avoir inventé, et son ascendant sur Moitoiret, considéré comme "clairement établi" dans le procès-verbal de synthèse de la gendarmerie. Mais Me Naserzadeh, qui a épluché les 200 témoignages recueillis par les gendarmes, en a compté "50" disant que Moitoiret dominait sa compagne, "11" affirmant l'inverse, le reste n'ayant pas d'avis sur le sujet.

Pot de fleurs

"Il y a un ensemble de données", balbutie le directeur d'enquête, le capitaine de gendarmerie Georges Martin, après un long silence embarrassé. L'avocate insiste, revient au 28 juillet 2008, quelques heures avant le meurtre de Valentin, victime de 44 coups de couteau dans les rues de Lagnieu (Ain). Moitoiret, qui vient alors de subir un contrôle d'identité, est décrit comme "très énervé" par plusieurs témoins.
"Noëlla Hégo était parvenue à le calmer? Si elle a l'ascendant, Moitoiret c'est le petit toutou. Il se calme tout de suite?", s'enquiert l'avocate. "Il semblerait qu'elle n'y soit pas parvenue. Mais l'ascendant, c'est... dans la vie des gens...", bafouille l'officier, dont la procédure mentionne l'attitude de "pot de fleurs" de l'accusée ce jour-là.
La défense cherche ensuite à faire préciser au gendarme ce qu'il entend par "retour en arrière". Cette notion connue des seuls accusés, qu'ils se sont efforcés d'expliquer aux enquêteurs, est aux yeux de la gendarmerie le "mobile" du crime.


Pas dans un bouquin de science-fiction

Or la question est doublement cruciale: pour Hégo, considérée comme "l'instigatrice" du crime pour avoir inventé ce concept hermétique; mais aussi pour Moitoiret, dont la défense cherche à prouver la folie.
"On n'est pas dans un bouquin de science-fiction, on est dans une enquête criminelle !", raille Me Franck Berton, conseil de Moitoiret, plongeant le responsable de l'enquête dans une gêne marquée par de longs silences.
"C'est vrai que ce n'est pas une définition juridique", articule l'officier. "On a rapporté certains faits. Je ne suis pas là pour dire si ils sont fous ou pas".
Le président de la cour, à son tour, s'interroge à voix haute: "ça reste bien mystérieux, quand même, cette notion. On ne voit pas pourquoi il faut absolument un mort. Pourquoi il faut que ce soit un enfant, on voit encore moins. Comment on peut faire le lien ?"
L'avocat général, Jean-Paul Gandolière, procureur de Bourg-en-Bresse à l'époque des faits, vole au secours de l'enquête: "Au delà de cette affaire particulière, les mobiles sont-ils toujours identifiables ?"
"Et le meurtre immotivé d'un schizophrène, vous savez ce que c'est ? ça, ça vous ennuie !", l'interpelle Hubert Delarue, l'autre avocat de Moitoiret, sorti de son mutisme avant la suspension.

Le verdict est attendu le 22 novembre. En première instance, devant les assises de l'Ain, Stéphane Moitoiret avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
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