Armel Le Cléac'h invité d'honneur du "Rendez-vous du carnet de voyage"

Présent lors de l'édition 2013 du "Rendez-vous du carnet de voyage", qui se déroule du 15 au 17 novembre à Polydôme à Clermont-Ferrand, le navigateur a accepté de répondre aux questions de Jean-Paul Vincent, dans le cadre de l'émission "La Voix Est Libre".

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Les carnets de voyage d'Armel Le Cléac'h sont en réalité des carnets de bord ! Ses outils ? Textes, photos et vidéos publiés sur internet. Sa dernière aventure ? La traversée de la Méditerranée en solitaire le 1er octobre 2013 où il parcouru la distance Marseille-Tunis en un peu moins de 19 heures, soit 6 heures de moins que le précédent record... Le navigateur s’est notamment illustré en arrivant deuxième du Vendée Globe 2013.

Jean-Paul Vincent : Vous dessinez ?
Armel Le Cléac'h : Je dessine très peu. Je n'ai pas ce talent-là, comme Titouan Lamazou qui est un grand artiste ! Je suis plutôt quelqu'un qui regarde ce que font les autres. Sur l'eau, j'ai tendance à utiliser l'appareil photo, la caméra pour essayer de rapporter pas mal d'images, de récits de ce que je peux vivre et de ce que je rencontre sur l'eau.

J.-P.V. : Quand on est navigateur, est-ce qu'on a vraiment le temps de voyager ?
A.L.C. : En course, c'est un peu dur... Même si on voyage et qu'on a le temps de voir certaines choses on est quand même sur des courses, comme le Vendée Globe, qui durent trois mois. On a le temps de regarder sur la carte où on se situe, à côté de quel pays on passe... Quand on est dans l'hémisphère Sud près de l'Australie ou quand on passe près du Cap Horn ce sont des endroits où on n'a pas forcément habitude de voyager. Notamment le Cap Horn ! On a la chance de passer tout près et de pouvoir se photographier à coté. C'est quand même un voyage, même si la course prend le dessus. On est en compétition, on est là aussi pour essayer d'être le premier à l'arrivée. C'est quand même passionnant de faire le tour du monde à la voile... c'est compliqué, il faut se préparer à l'avance, mais quand on peut le partager c'est toujours un plaisir !

Nous sommes entrés dans les Quarantièmes Rugissants. Nous avons passé la première porte des glaces cette nuit et nous voilà en route vers le Cap de Bonne Espérance que nous devrions doubler d'ici quelques heures. C'est déjà la troisième semaine de course et l'Océan Indien nous attend. (Carnet de bord du Vendée Globe, le 03/12/2012)






J.-P.V. : Vous ne faites pas des carnets de voyage à proprement parler mais des carnets de bord ? A quoi cela ressemble-t-il ?
A.L.C. : C'est écrire un petit peu ce qui peut se passer sur la journée ou les derniers jours en mer, ce qu'on a vécu : les aléas, les problèmes techniques, les rencontres avec les animaux marins ou les autres concurrents. Cela peut être aussi sur nos sensations à bord, ce qu'on vit par exemple à Noël à bord du bateau quand on est de l'autre coté de la planète, ce qu'on ressent tout seul au milieu de l'océan... et puis pouvoir raconter notre vie au quotidien ! C'est vrai que c'est assez différent de ce qu'on vit tous les jours chez soi. Il y a peu de confort, on est dans des éléments naturels assez hostiles. Cela permet aussi aux gens de pouvoir se représenter un peu mieux peut-être ce qu'on vit à bord de notre bateau.

J.-P.V. : Vous les publiez ces carnets de bord ?
A.L.C. : Oui, car on essaie de partager au mieux avec les gens qui nous suivent : le public, les écoles. Il y a eu, notamment sur le dernier Vendée Globe, beaucoup de classes d'enfants qui ont suivi la course, qui ont utilisé ça comme un outil pédagogique pour travailler a la fois sur l'histoire, la géographie, la biologie. Pour nous, les marins, pouvoir partager ça en envoyant des carnets de bord, des photos, des vidéos, c'est vraiment intéressant !

J.-P.V. : Vous lisez les carnets de bord d'autres marins ?
A.L.C. : On essaie de lire ce qu'eux écrivent aussi. Parfois il y a des choses qui peuvent être ressenties sur leurs émotions, leur mental : est-ce qu'ils sont fatigués ? est-ce qu'ils ont eu des problèmes techniques ? Mais aussi c'est passionnant de pouvoir les regarder après la course, voir comment ils ont vécu ; de pouvoir raconter ce que chacun a vécu sur son bateau et de pouvoir partager notre aventure.


J.-P.V. : La plus grosse émotion de navigation qu'ils vous a fallu raconter dans un carnet de bord ?
A.L.C. : C'était dans le précédent Vendée Globe où notamment j'ai participé au sauvetage d'un concurrent, Jean Le Cam, qui avait chaviré juste avant le Cap Horn. Avec un autre concurrent, Vincent Riou, on a du se dérouter pour porter assistance et le sortir de son malheureux chavirage. Ça a été un moment délicat, on a cru qu'il allait peut-être avoir des difficultés à sortir et finalement tout s'est bien fini. Vivre ça, raconter ça après coup, notamment le lendemain où je passais mon premier Cap Horn, ça a été un moment particulier, un moment fort.

J.-P.V. : Quand vous ne naviguez pas, pour vous, le voyage : c'est où ? c'est quand ? c'est comment ?
A.L.C. : J'ai la chance d'habiter en Bretagne, là où je suis né. J'en profite pour naviguer autour de la Bretagne avec des amis, en famile, pour profiter de la terre parce que je suis beaucoup en mer toute l'année. Dès que je peux passer un peu de temps à terre, c'est aussi assez sympa de voyager en France. Je n'ai pas eu la chance de beaucoup voyager à terre sur d'autres pays. J'ai eu la chance de faire le tour du monde deux fois déjà, mais on n'a pas le droit de s'arrêter pendant  la course donc c'est assez frustrant de passer à coté de l'Australie ou de la Nouvelle-Zélande et de ne pas pouvoir s'arrêter. C'est vrai qu'un jour j'aimerais pouvoir aller là-bas par avion et pouvoir profiter de ce qui se passe à terre. J'ai eu la chance de voyager un petit peu mais pour l'instant, beaucoup beaucoup en mer.

La prochaine échéance pour Armel Le Cléac'h est la Route du Rhum dans un an, au départ de Saint-Malo et à destination de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe.

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