Le Parti de Gauche, las des "contradictions" stratégiques de son partenaire communiste sur les municipales, a exigé que cela ne se reproduise pas à l'avenir et a lancé sans le PCF les grandes lignes de sa campagne pour les européennes.
Dans une résolution adoptée à 97% dimanche lors d'un conseil national (parlement) du parti de Jean-Luc Mélenchon, le PG a réclamé au PCF "des signaux clairs" l'assurant qu'il ne ferait plus à l'avenir d'alliance avec les socialistes au premier tour d'un scrutin.
En particulier, il réclame "un engagement" du PCF "à présenter des listes autonomes aux élections cantonales et régionales de 2015". Le Parti de Gauche est en bisbille avec son partenaire communiste sur la stratégie à adopter vis-à-vis du PS aux municipales: le PG prône une autonomie radicale par rapport au PS au premier tour, tandis que le PCF a préféré le cas par cas, avec des alliances avec le PS (notamment à Paris, Nantes ou Clermont-Ferrand), ou des listes "d'autonomie" avec le PG.
"On ne veut pas que cette stratégie à géométrie variable se reproduise à l'avenir", a affirmé à l'AFP Eric Coquerel, secrétaire national. "Il y a un problème de contradiction. On ne veut plus qu'à l'avenir on se retrouve dans la situation des municipales". Le PG a aussi fait le constat que "du fait des contradictions générées par le PCF", "ce n'est pas possible pour le moment" de "démarrer la campagne européenne avec l'ensemble du Front de Gauche sans attendre la fin des municipales".
Dès lors, sans attendre le PCF, il a appelé "toutes les forces du FG" et "d'autres partis engagés nationalement ou localement avec (lui) sur des listes autonomes aux municipales à s'engager dès maintenant dans la campagne européenne". "On ne peut pas attendre et se retrouver dans une situation où on ne lance rien sur les européennes", commente M. Coquerel. D'où l'ouverture à d'autres, comme cet appel du pied, dans la résolution adoptée, aux personnalités écologiques comme Eva Joly ou Noël Mamère, ou à la "gauche du PS". Le PG a également défini les grands axes de sa campagne pour les européennes.
"Nos listes seront (...) en premier lieu celles de la rupture avec l'actuelle UE et ses traités, en vue de la refondation de l'Europe", stipule la résolution, pour qui les listes de "l'autre gauche" sont les "seules à proposer une politique radicalement différente, basée sur l'absolue primauté de la souveraineté populaire, la désobéissance avec l'UE, la rupture avec le libéralisme et la solidarité entre les peuples".
Le PG veut notamment faire du scrutin du 25 mai un "véritable référendum contre l'accord de grand marché transatlantique" pour lequel "François Hollande a cosigné avec Barack Obama un appel à (le) ratifier rapidement". Le PG entend aussi mettre en échec toute éventuelle "coalition gouvernementale des libéraux" qui pourrait surgir en France au moment du vote programmé de la confiance du gouvernement au sujet du Pacte de responsabilité. "Nos listes seront les listes anti-pacte de responsabilité", selon le texte adopté dimanche.
La situation entre le PG et le PCF s'est tendue cette semaine après la publication de l'affiche de campagne de la candidate PS à Paris, Anne Hidalgo. Alors que les deux partenaires s'étaient mis d'accord sur le fait que le PCF n'utilise pas le logo "Front de Gauche" sur les affiches avec le PS "dans les villes significatives politiquement dont Paris, Nantes, et celles incluant des ministres PS", l'affiche de Mme Hidalgo arborait le logo Front de Gauche. "Pierre Laurent aurait pu dire publiquement 'on regrette'. Or il n'y a eu aucune expression publique", a regretté M. Coquerel.