Les révélations du journal La Montagne ont fait l'effet d'une bombe dans le paysage politique clermontois! Tout le monde ignorait que le conseiller municipal Eric Assad, élu le 30 mars sur la liste Front National d'Antoine Rechagneux, avait été inculpé d'assassinat et déclaré irresponsable en 1980.
C'est un passé extrêmement lourd qu'Eric Assad avait réussi à cacher jusqu'à présent. Le 1er décembre 1979, cet infirmier psychiatrique de 24 ans, en proie à une déception amoureuse, avait ouvert le feu dans les rues du Palais à Belle-Ile-en-Mer (Morbihan), tuant un étudiant en droit de 23 ans, en permission militaire sur l'île, et blessant grièvement un quinquagénaire fonctionnaire à Nantes. Un boucher de 19 ans sorti de sa boutique avait lui été blessé à coups de crosse, raconte le quotidien.
Trois semaines plus tard, un rapport d'expertise médico-légale concluait que l'agresseur était "en état de démence au moment des faits". II n'y a donc pas eu de jugement ! La justice déclarait Eric Assad irresponsable de ses actes et le préfet du Morbihan le faisait interner en 1980. Il sortira de l'hôpital psychiatrique en 1987, après une évasion de près d'un an, avant d'engager de nombreux recours administratifs. La Montagne souligne que le casier judiciaire de l'élu ne porte aucune trace de ces faits, conformément à ce que prévoit la loi.
Par l’intermédiaire de son avocat, Me Gilles-Jean Portejoie, Eric Assad a reconnu "qu’il est bien concerné par la procédure aux termes de laquelle un non-lieu a été prononcé il y a près de 35 ans (…) Dans un souci de transparence, il aurait dû en aviser les responsables de sa formation politique". Il regrette en revanche que "l’on puisse livrer en pâture à l’opinion publique des faits que la justice s’honore de ne pas sanctionner depuis plus de 2 siècles" et estime que le secret médical a été "bafoué par l’évocation même de l’irresponsabilité pénale". Le communiqué s’achève ainsi : "Monsieur Eric Assad ne tolérera aucune exploitation politicienne ou partisane de ce douloureux passé".
"Nous ne savions rien" assurent les responsables du FN
Devant l’ampleur de ces révélations, les responsables du Front National ont été obligés de réagir. "Son affaire n'est pas déshonorante mais il aurait peut-être dû, à titre prudentiel, nous en parler", a estimé l'avocat du parti, Wallerand de Saint-Just. Et d’ajouter : "Si nous avions su tout cela avant de l'investir, nous aurions regardé différemment les choses". Également interrogé par La Montagne, Bruno Gollnisch a déclaré : "Nous ne savions rien (...) Mais c'est sûr, M. Assad aurait dû nous parler de son passé. Si nous avions su, nous lui aurions très certainement conseillé de rester dans l'ombre, de ne pas s'exposer publiquement".Installé au conseil municipal vendredi 4 avril, Eric Assad figurait en troisième position sur la liste du FN à Clermont-Ferrand, qui a obtenu 10,86% des voix au second tour des municipales. La tête de liste Antoine Rechagneux assure lui aussi qu'il ignorait tout du passé criminel de son colistier, candidat aux cantonales à Randan (Puy-de-Dôme) en 2004 et 2011. "Si on l’avait su on ne l’aurait pas pris" a-t-il lancé ce vendredi sur le plateau du 12/13 de France 3 Auvergne. Selon lui, Eric Assad aurait proposé de démissionner du Conseil municipal.
"Eric Assad a le droit de siéger" précise Olivier Bianchi
Le maire de Clermont-Ferrand n'a pas reçu pour l'instant de lettre de démission d'Eric Assad se garde bien d’émettre un quelconque jugement sur cette affaire : "Je n’ai pas à estimer ce que doit faire Eric Assad. Il a estimé au vu de son passé qu’il pouvait être candidat. Est-ce qu’il va considérer aujourd’hui, maintenant que l’opinion publique connaît cette information, qu’il peut continuer à être élu ? Seul lui peut être juge de cette décision".Olivier Bianchi précise : "Eric Assad est éligible, il pourra siéger au conseil municipal. Je suis obligé d’appliquer la loi et de voir que cette affaire n’a pas d’incidence sur sa présence au conseil municipal". Il précise néanmoins qu’en tant que responsable de police de l'assemblée il sera "doublement vigilant (...) aux attitudes, au comportement et aux paroles qui pourraient ne pas être dignes d’un élu de la République".
PS et UMP en profitent pour charger le Front National
Le socialiste saisit tout de même la perche pour lancer une charge contre le Front National : "Je constate que Marine Le Pen a souvent l’occasion de donner des leçons sur les hommes politiques des autres partis… Aujourd’hui c’est dans son camp qu’est la balle ! J’aimerais que ce Front national, dont elle nous explique qu’il n’est plus celui d’avant, puisse avoir une position plus claire sur cet élu de la République".Jean-Pierre Brenas en profite lui aussi pour accabler le Front National, dont la liste clermontoise "a été constituée avec beaucoup de légèreté" estime le conseiller municipal UMP. "Proposer aux électeurs des candidats dont on ne sait rien, est proprement irresponsable, c’est indigne d’un responsable politique. Les électrices et les électeurs du Front National ont été trompés."