L'incertitude demeure sur la reprise du site Ascométal du Cheylas en Isère

Un favori brésilien; un rival tricolore soutenu par le gouvernement; des fonds d'investissements américains... le tribunal de commerce de Nanterre doit choisir ce jeudi 22 mai un repreneur pour le groupe sidérurgique Ascométal en faillite. 300 des 1.900 salariés pourraient perdre leur emploi.

Les prétendants à la reprise d'Ascométal, ancienne filiale d'Usinor spécialisée dans les aciers spéciaux pour l'automobile et le secteur pétrolier, ont bataillé pendant des semaines, surenchérissant jusqu'à l'examen des offres devant le tribunal de commerce de Nanterre. 

Lors de l'audience, l'administrateur et le mandataire judiciaire ont clairement marqué leur préférence pour l'offre du groupe brésilien Gerdau, qui pèse environ 14 milliards d'euros et compte 45.000 salariés dans le monde. "Leur avis a un poids certain, il sera très important pour les juges", estime le délégué CGT Yann Amadoro. "Les dés sont jetés" pour un autre représentant syndical.

L'industriel brésilien avance 390 millions d'euros de financement et propose de conserver 1.586 emplois et embaucher 166 personnes. Il garantit aussi qu'il ne fermera aucun site sur sept ans, sauf Ascométal au Cheylas (Isère). Des quatre offres sur la table, l'offre Gerdau est celle qui reprend le moins d'emplois. Et les syndicats craignent aussi que la suppression d'un des deux laminoirs de Fos ne condamne à terme le site.


Nouveau appel à la grève


Comme vendredi, des salariés bloquaient, ce mardi 20 mai au matin l'un des accès au site marseillais. Des "bouteilles de gaz prêtes à exploser" ont été disposées à l'entrée de l'usine, selon Christian Pantoustier, délégué CGT, "nous refusons l'offre de reprise du prédateur Gerdau, qui conduirait à la mort du site de Fos".

Pour "peser sur le rendu du jugement", la CGT appelle à la grève, ce mercredi, sur tous les sites. "On ne peut pas cautionner qu'un projet qui supprime 300 emplois soit privilégié au détriment d'un autre qui maintient 97% des emplois", explique Yann Amadoro.

Dans la dernière ligne droite, le gouvernement a choisi son camp et décidé d'appuyer l'offre concurrente et mieux-disante socialement portée par Frank Supplisson (environ 1.820 emplois sauvés). L'énarque, ex-directeur de cabinet d'Eric Besson au ministère de l'Industrie, s'est entouré d'un groupe d'investisseurs et d'industriels dont l'ex-président d'Airbus, Noël Forgeard, et l'ex-directeur général d'Arcelor, Guy Dollé. Ils assurent avoir levé 230 millions d'euros de financement et peuvent compter sur un prêt de l'Etat 35 millions d'euros via le Fonds de développement économique et social (FDES). Le gouvernement envisage également de faire entrer au capital la Banque publique d'investissement (bpifrance).

Soutenir cette offre "française et européenne" est "un devoir économique", revendique Guy Dollé dans une tribune publiée ce lundi 19 mai dans les Echos. Elle "peut permettre de refaire d'Ascométal le leader européen des aciers longs spéciaux", assure-t-il en s'en prenant aux fonds Apollo et Anchorage "qui ont mis l'entreprise au tapis", et présentent eux aussi des offres de reprise conservant entre 1.750 et 1.770 emplois.

Les banques créancières américaines soutiennent Anchorage avec l'espoir de récupérer un jour leurs billes. Lors de l'audience du 14 mai, le fonds américain a créé la surprise en présentant une "proposition commune" de dernière minute avec l'industriel algérien Cevital, repreneur le mois dernier du fabricant d'électroménager FagorBrandt.

Selon une source proche du dossier, cette offre commune affichant 620 millions d'investissements promettant finalement elle aussi de conserver le site du Cheylas n'a cependant "pas été présentée de manière définitive".

Cevital pourrait-il changer de cheval? "Des discussions sont toujours en cours" entre Cevital et Gerdau, affirme mardi dans un communiqué la fédération CFDT de la métallurgie pour qui un "accord entre les deux industriels constituerait une amélioration significative pour l'emploi et le maintien du tissu industriel territorial".

A deux jours du jugement, la lutte n'est pas terminée.
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