Les candidats pour la reprise d'Ascometal surenchérissent avant l'audience décisive

Deux fonds américains, un industriel brésilien et un haut fonctionnaire français: quatre candidats défendront mercredi devant le tribunal de commerce de Nanterre leur projet de reprise du groupe sidérurgique Ascométal, en redressement judiciaire depuis mars.

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Les quatre repreneurs potentiels ont surenchéri dans la dernière ligne droite pour décrocher cette ancienne filiale d'Usinor spécialisée dans les aciers spéciaux, employant plus de 1.900 personnes sur six sites industriels en France et plombée par une dette colossale de 360 millions d'euros accumulée sur ces trois dernières années.

La bataille fait rage entre l'actionnaire, le fonds américain Apollo, et les créanciers, les banques Morgan Stanley et Bank of America, qui ne sont pas parvenus cet hiver à trouver un accord pour éviter le redressement judiciaire.

Une offre prévoit la création de 63 CDI et 31 propositions de reclassement pour les salariés du site d'Allevard


Morgan Stanley et Bank of America soutiennent la proposition déposée par le fonds de retournement américain Anchorage, qui prévoit le maintien de 1.770 emplois sur 1.924, l'apport de 50 millions de fonds propres et des investissements de 100 millions d'euros sur trois ans et de 40 millions supplémentaires dans les stocks.

"L'offre prévoit la création de 63 emplois en CDI et 31 propositions de reclassement pour les salariés du site d'Allevard", au Cheylas en Isère, qu'Anchorage prévoit de fermer, tout comme Apollo et le groupe brésilien Gerdau, ont indiqué à l'AFP des sources proches du dossier.

La proposition d'Anchorage, portée par l'industriel Philippe Royer, qui a redressé le groupe Manoir Industries ces dernières années, rivalise avec celle d'Apollo, qui prévoit le maintien de 1.756 emplois, l'apport de 50 millions d'euros en cash. Il propose aux salariés d'Allevar un transfert vers d'autres sites ou "un accompagnement au départ à ceux qui ne le souhaiteraient pas", ont indiqué les sources.

L'actionnaire, qui prévoit environ 120 millions d'investissements sur quatre ans, a sorti une surprise de son chapeau, en annonçant récemment le soutien d'Anne Lauvergeon, l'ex-patronne d'Areva, proche du pouvoir.

Différence majeure entre les deux offres: contrairement à Anchorage, Apollo prévoit de céder les deux barrages du groupe dans l'Isère, une mesure qui exige toutefois le feu vert du gouvernement.

Convaincre les salariés

Le plus dur pour les deux fonds sera de convaincre les représentants du personnel, échaudés par l'échec des négociations qui ont contraint le groupe au dépôt de bilan. "Si les syndicats doivent se positionner, ce ne sera en aucun cas pour soutenir l'offre des fonds", a prévenu Yann Amadoro, représentant CGT.

Pour lui, la partie se joue donc entre le groupe brésilien Gerdau et la proposition française portée par Frank Supplisson, ex-directeur de cabinet de l'actuelle directrice générale du FMI Christine Lagarde, la seule offre à reprendre l'ensemble des sites.

Le groupe brésilien a amélioré sa proposition avant de la déposer vendredi en augmentant le nombre d'emplois maintenus de 1.377 à 1.586, auxquels s'ajoutent 166 embauches, pour un total de 1.752, "soit un niveau équivalent aux offres des fonds", ont expliqué les sources.

Le groupe brésilien Gerdau a garanti qu'il ne fermerai aucun site sur 7 ans à l'exception d'Allevard


Gerdau, qui pèse environ 14 milliards d'euros et compte 45.000 salariés dans le monde, a garanti qu'il ne fermerait aucun site sur sept ans, à l'exception d'Allevard.

L'offre du groupe brésilien, qui est prêt à investir 150 millions d'euros sur cinq ans en France, comprend 75 millions de fonds propres, ainsi que 230 millions de lignes de crédit à "des taux d'intérêts très bas".

Reste la proposition tricolore de M. Supplisson, soutenue également par l'ex-président d'Airbus Noël Forgeard et l'ex-directeur général d'Arcelor Guy Dollé. La semaine dernière, le producteur d'acier suédois Ovako est venu conforter une offre alors jugée séduisante mais fragile financièrement, lui assurant l'ouverture de "marchés à l'exportation" grâce à "un réseau de distribution commun".

La proposition française prévoit la reprise de l'ensemble des sites industriels d'Ascométal et un programme d'investissement de 135 millions d'euros sur quatre ans. Le groupe assure avoir levé près de 230 millions d'euros de financement, dont 55,5 apportés en capital par ses actionnaires et 100 millions à court terme par GE Capital.

En outre, le groupe algérien Cevital, qui a repris FagorBrandt il y a un mois, a manifesté son intérêt pour les terrains non exploités de Fos-sur-Mer.
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