En campagne à Bourg-en-Bresse, Vincent Peillon, tête de liste PS pour les européennes dans le Sud-Est, veut croire au "sursaut" de l'électorat de gauche dimanche 25 mai, malgré une campagne "très courte" pour combattre l'"indifférence".
Pour lui, il en va de la responsabilité de chacun. "Si le Front national est en tête dimanche prochain, c'est que les socialistes, la gauche, les républicains au sens large ne se sont pas suffisamment mobilisés. Personne ne peut s'exempter de sa responsabilité (...) Chacun est comptable de ce que nous faisons de notre démocratie"a-t-il déclaré à nos confrères de l'AFP.
A l'approche du scrutin, l'ancien ministre de l'Education multiplie les déplacements dans son immense circonscription (Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Corse).
En déplacement dans l'Ain, à Bourg-en-Bresse, devant quelque 200 personnes, des militants socialistes pour la plupart, réunis dans la salle des
fêtes locale, pour marteler le même message: mobilisation générale, la droite est au pouvoir en Europe depuis des années. Pour lui, l'enjeu dimanche, c'est le choix entre la "continuité" si la droite, avec son champion Jean-Claude Juncker, remporte le scrutin en Europe ou alors une "majorité alternative et donc un changement en Europe" avec Martin Schulz, le candidat du Parti Socialiste européen (PSE) à la présidence de la Commission européenne.
Mais beaucoup de militants paraissent désabusés, encore sonnés par les municipales de mars.
Tous s'exaspèrent de la place faite au FN dans cette campagne. Comme pour les sondages nationaux, la liste du PS figurait encore fin avril dans le Sud-Est en troisième position, loin derrière l'UMP et le FN, mené dans cette circonscription par Jean-Marie Le Pen, selon un sondage Ifop.
Le vote FN, "inutile et perdu"
"Il y en a ras-le-bol" de parler du FN et de Jean-Marie Le Pen, tête de liste dans le Sud-Est, qui se représente "à 85 balais", tempête le maire socialiste de Bourg-en-Bresse, Jean-François Debat.
"L'Europe, les gens ne peuvent pas s'y intéresser. On ne leur en parle pas", se désole Vincent Peillon. Ils "commencent à parler de l'Europe depuis quelques jours seulement. C'est une campagne très courte".
"C'est une phase électorale difficile et douloureuse. On aimerait être mieux reconnus dans ce qu'on fait", soupire Sylvie Guillaume, députée européenne sortante et numéro deux de la liste PS dans le Sud-Est. Elle constate que beaucoup de citoyens l'interpellent en regrettant l'absence d'explications sur l'Europe, en dehors des périodes électorales.
L'UMP, tout comme le FN, veulent faire du scrutin de dimanche un vote anti-Hollande. "C'est un détournement démocratique de l'élection. Il s'agit de décider de l'Europe", s'insurge Vincent Peillon. Selon lui, le FN a le regard fixé "sur les régionales" de 2015 et "n'a rien à faire des européennes".
"Si on ne parle que du FN, conclut Vincent Peillon, on l'installe au coeur du débat démocratique et c'est d'autant plus paradoxal qu'en réalité, ce n'est pas lui qui va avoir le destin de l'Europe en mains. Le vote FN est inutile et perdu".