Les 4 présidents des conseils généraux de la Nièvre, l'Allier, la Creuse et le Cher viennent d'adresser une lettre ouverte au Président de la République. Suite aux annonces faites par Manuel Valls concernant la réforme territoriale. Qui envisage la disparition des conseils départementaux.
C'est en tant que présidents de conseils généraux ruraux initiateurs de la démarche "nouvelles ruralités" au sein de l'assemblée des départements de France que Jean-Paul Dufrègne (Allier), Jean-Jacques Lozach (Creuse), Jean-Pierre Saulnier (Cher) et Patrice Joly (Nièvre) ont co-signé une lettre ouverte au Président de la République François Hollande.
Suite aux annonces faites par Manuel Valls, le 8 avril dernier. Concernant la réforme territoriale dans laquelle est envisagée la disparition de conseils départementaux.
Des mesures envisagées que les quatre présidents critiquent. Tant sur la forme que sur le fond.
Sur la forme, ils estiment que "c'est le sentiment de précipitation et d'absence de vision globale d'une organisation cible qui prédomine...Pour être une réussite, la réforme territoriale doit être à minima dictée par une véritable pensée de l'aménagement du territoire ainsi que par le définition d'un mode de gouvernance permettant la prise ne compte de la diversité géographique du territoire français. Or, pour l'heure, l'absence de méthodologie apparente donne le sentiment que cette vision d'avenir n'existe pas et n'a pas pour objectif de mieux développer les territoires et la citoyenneté..."
Sur le fond, leurs critiques portent sur différents points.
A commencer par les services publics. "En ce qui concerne les départements, la question du service public se pose. Mais personne n'en parle !... En stigmatisant des élus et des conseils départementaux qui seraient trop dispendieux, des enchevêtrements de compétences qui n'ont qu'une réalité toute limité, des économies potentielles chiffrées de manière assez fantaisiste, on en oublie que les conseils généraux assurent avant tout un service de proximité encore essentiel pour les habitants, principalement en territoires ruraux..."
A propos de la mise en oeuvre des politiques : "Si nous sommes favorables à une montée en puissance de l'intercommunalité pour lui donner à terme les moyens de porter des projets structurants, vous ne pouvez ignorer que bon nombre d'entre elles, à l'heure actuelle, sont dans l'incapacité évidente d'assumer de nouvelles missions..."
Au coeur de leurs préoccupations également, la citoyenneté : "L'échelle du département semble pouvoir être la solution pour assurer une représentation politique de la ruralité qui ne soit pas réduite à peau de chagrin. Ceci d'autant plus que le seul territoire dont les Français ne sortent quasiment jamais, c'est le département. Pour 75% des cas, ils y habitent et y travaillent. En participant à la vie quotidienne des habitants, la représentation politique départementale a encore du sens..."
Pointée du doigt également, la proximité. "Des espaces régionaux ne disposant pas de véritable métropole tels que le Massif Central vont se retrouver éloignés du pouvoir politique...L'éloignement progressif du service public amplifiera encore ce sentiment de relégation qui a en partie abouti aux résultats des suffrages électoraux de ce début d'année 2014. N'en tirons-nous aucune leçon ?..."
Pour terminer, les quatre présidents appellent le Président de la République à "intégrer ces réflexions avant de vous prononcer radicalement sur les contours d'une réforme qui vous le savez n'a pas de socle démocratique. Laissons-nous du temps pour envisager la possibilité de différencier les approches et les organisations selon la réalité des territoires. On ne peut appliquer des principes implacables qui sanctionnent, jugent et arbitrent sur le seul argument économique, de surcroît non justifié..."