Le député communiste du Puy-de-Dôme a réussi à faire adopter, à sa grande surprise, un amendement au projet de budget rectificatif 2014. Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'Assemblée nationale a permis aux communes d'exempter d'une taxe locale les pigeonniers, les alignant sur les abris de jardin.
Les abris de jardin peuvent déjà être, depuis cette année et sur décision des collectivités locales, exemptés de tout ou partie de la taxe d'aménagement (due pour toute construction ou réaménagement de locaux). André Chassaigne a demandé au gouvernement de faire preuve d'autant de "mansuétude" envers les éleveurs de pigeons, appelés "coulonneux" dans le Nord, qu'il en avait eu il y a deux ans pour les entrepreneurs autoproclamés "pigeons".
Puis il n'a "pas résisté au plaisir" de citer un refrain d'une chanson ch'ti: "Les coulonneux quand is parlent de leurs oeufs, les coulonneux is sont toudis joyeux / Les coulonneux les jeunes comme les vieux, les coulonneux ce sont des gins heureux." "Rrou, rrou!" a répondu le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert, avant d'assurer à André Chassaigne: "Tout le monde ici adore les pigeons, cultive les petits pois et le mariage des deux n'est pas désagréable."
Un débat aux airs de récréation
Le centriste Charles de Courson, de son nom complet Charles Amédée du Buisson du Courson, régulièrement moqué par ses collègues pour ses origines aristocratiques, s'est alors insurgé contre un "amendement en faveur des châtelains". Pas du tout, lui a rétorqué la socialiste Christine Pires Beaune, également du députée du Puy-de-Dôme, le privilège des nobles de posséder un pigeonnier "a peu à peu disparu à partir de la Renaissance", et "en Auvergne, particulièrement en Limagne, il existe de nombreux pigeonniers, dont la conservation exige quelques deniers".Après ces échanges, et malgré les avis défavorables du gouvernement et du rapporteur général du Budget, Valérie Rabault (PS), ne jugeant pas comparables abris de jardin et pigeonniers, l'amendement a été adopté. "Je suis bouleversé!" s'est alors écrié André Chassaigne, qui, pour se remettre de ses émotions, n'a pas repris la parole pour défendre son amendement suivant.