A la fin de la marche à laquelle 50.000 personnes ont participé dimanche à Clermont-Ferrrand, un hommage a été rendu à Michel Renaud, assassiné mercredi au siège de Charlie Hebdo (le clermontois était à Paris pour rendre des dessins à Cabu). Sa veuve, Gala, a trouvé la force de prendre la parole.
"C'était l'homme de ma vie, c'était le père de ma fille... C'était l'être le plus merveilleux au monde !" C'est en ces mots que Gala Renaud a décrit son mari dimanche, à l'issue de la marche clermontoise. "Avec lui on ne s'ennuyait jamais", a-t-elle poursuivi, "parce que c'était quelqu'un de passionné, cultivé, altruiste, qui voulait aller partout dans le monde.""Pour lui, voir le monde entier c'était voir les gens."
Selon Gala, le voyage était la "grande passion" de Michel Renaud, fondateur de la biennale du carnet de voyage de Clermont-Ferrand. "Ce n'était pas le voyage en tant que tel qui l'intéressait. C'était voir les gens, des gens différents, partout, dans des pays différents ! Nous avons parcouru tant des pays dangereux : la Jordanie, la Syrie, le Yémen... Mais aussi la Corée du Nord, la Russie, l'Asie centrale..."Ce qui va nous manquer, c'est sa joie de vivre. (Gala, veuve de Michel Renaud)
"Je suis fière de mon mari, avec qui j'ai eu cette petite fille qui a son caractère. J'en suis très fière, elle a la curiosité de son papa, elle est aussi combative."
Un homme de lettres
"Michel Renaud, ce n'est pas seulement mon mari et la papa de ma fille, c'est aussi un journaliste. Il a commencé sa carrière comme journaliste en 68 ; et après il est devenu un homme de communication, comme on dit. Il a toujours écrit, c'était sa passion, c'était aussi sa profession, son métier. Je ne l'ai pas vu passer une journée sans lire, il était entouré par des livres : des romans, des livres documentaires, des journaux...""Tout ce qu'il pouvait raconter, ça n'était jamais banal, c'était toujours élevé, intéressant, en rapport avec la société, avec nous, avec les gens qui vivent sur cette terre. Et à chaque fois, quand il parlait de quelque chose, c'est la terre entière qui l'intéressait et le destin de chaque homme sur cette terre."
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Interview réalisée par C. Genet et J. Jazeix.\
Intervenante : Gala Renaud, veuve de Michel Renaud tué dans l'attaque du siège de Charlie Hebdo
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©INA
Un citoyen du monde
"Michel, c'était quelqu'un qui avait une grande culture géopolitique et, à un moment donné, il savait comment les choses allaient se dérouler. Nous avions avec lui des débats, des discussions passionnées sur tout ce qui concernait la Biélorussie et la Russie.""L'association qui s'appelle "Les rencontres de la francophonie", qu'il a créé il y a trois ans, il voulait la développer avec les membres de l'association. Nous sommes une douzaine maintenant, je crois qu'il y a des gens qui vont continuer..."
"Il était exigeant par rapport aux autres mais surtout exigeant par rapport à lui même. Il ne voulait pas être un exemple mais il voulait donner aux gens ce qu'il pouvait donner et faire leur vie plus riche plus passionnante, c'était ça le caractère de Michel."
Le drame des familles des victimes
"Vues les circonstances dans lesquelles mon mari a été assassiné, évidemment je parle de moi, de mon cas,de ma famille... mais je pense à toutes ces familles, elles aussi, qui ont été assassinées. Parce qu'en assassinant Michel, ils m'ont tuée, quelque part ma fille aussi!"Nous avons perdu un être cher qui ne reviendra plus jamais et je pense à toutes les victimes - et à toutes les familles - qui étaient à Charlie Hebdo et aussi au supermarché casher. (Gala Renaud)
"Je voudrais que la France n'oublie pas ces victimes, ce ne sont pas des victimes comme ça par hasard, gratuites. Ce qui a été fait, c'était fait contre la nation française. Pour moi la France est devenu mon pays, j'ai la nationalité française et je veux que ce pays se porte bien. Il faut que l'Europe s'organise, qu'elle prenne des mesures pour rétablir les ponts entre l'Europe et la Russie, parce ce sont des peuples qui ont plein de choses en commun, qui ont la même mentalité, il y a juste la langue qui les sépare..."