Cour des comptes : la maternité de Die dans le viseur

13 petites maternités françaises sont sur la selette : dans un rapport rendu public hier vendredi, la Cour des comptes pointe des problèmes de sécurité et des difficultés financières et de recrutement... La maternité de Die, dans la Drôme, longtemps menacée, est à nouveau concernée.

Depuis les années 1970, la tendance est à la fermeture des petites maternités en raison d'une politique de réduction des coûts et des risques. Politique matérialisée en 1998 par des décrets fixant à 300 accouchements par an le seuil minimal d'activité pour les maternités. Ainsi, les deux tiers des établissements ont fermé depuis 1972.

Dans sa ligne de mire, 13 petites structures réalisant moins de 300 accouchements par an, notamment à Die (Drôme) - 177 accouchements en 2013, la plus faible activité enregistrée en France - ou à Ussel (Corrèze), où il est signalé "des risques avérés en matière de sécurité". La France enregistre des "résultats médiocres" en matière de périnatalité, occupant le 17e rang européen pour la mortalité néonatale (dans les 27 jours suivant la naissance), avec un taux de 2,3 pour 1.000.

Le risque des déserts médicaux

La Cour préconise de "contrôler la sécurité du fonctionnement des maternités" réalisant moins de 300 accouchements par an et de "les fermer sans délai en cas d'absence de mise en conformité immédiate", sans attendre la survenue d'un drame comme à Orthez, où la mort d'une patiente en octobre a accéléré la fermeture de la maternité, déjà menacée en raison d'un manque de personnel.

Le maire de Die, Gilbert Tremolet, juge la norme de 300 accouchements par an "subjective". "Nous sommes autour de 140 à 150 accouchements par an. Cela dure depuis des décennies et rien de grave ne se passe". "Nous avons des patientes qui viennent de Valdrôme ou de Saint-Dizier-en-Diois qui sont l'hiver déjà à 2 heures de route de Die. Si elles devaient mettre une heure et demi de plus pour rejoindre Valence (hôpital le plus proche), alors là oui, il y aurait danger", fait-il valoir.

Pénurie de spécialistes 

De fait, les défenseurs des petites maternités redoutent l'extension des déserts médicaux, synonyme, selon eux, de danger pour les patientes et leur bébé. L'association Osez le féminisme rappelle ainsi qu'une femme a perdu son nouveau-né fin 2012 "en accouchant sur l'autoroute A20, faute de parvenir à temps à la maternité de Brive, en Corrèze". La "sécurité ne doit pas se payer au prix de déserts médicaux et d'usines à bébés promus par une vision ultra-libérale des dépenses de santé"
.
Pour le principal syndicat de gynécologues obstétriciens, le vrai problème réside dans la pénurie de personnel qualifié. Quelque "200 obstétriciens sont formés chaque année en France, et la moitié abandonne finalement l'obstétrique" parce que c'est "pénible, risqué" et cela représente beaucoup de responsabilités", dénonce le Dr Jean Marty, président du syndicat national des gynécologues obstétriciens de France.

"Les sous-effectifs, c'est aussi valable dans les grosses maternités" renchérit Nicolas Dutriaux, du Collège national des sages-femmes, qui dénonce les risques de burn out dans des maternités surchargées et dont la suractivité n'est pas étrangère, selon lui, aux quelque 70 décès enregistrés en couches chaque année. 


En interview dans ce reportage : Jean-Pierre Rambaud, Président collectif de défense de la maternité de Die ; Pr Hervé Fernandez, Chef du service de gynécologie CHU Kremlin Bicêtre

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