Dans les hôpitaux de Loches ou Chinon, faute de personnel, les fermetures des services d'urgences se multiplient cet été. Ce qui contribue évidemment à engorger les autres hôpitaux ou cliniques du département. Le CHRU de Tours vient d'annoncer une réorganisation de l'accès aux urgences : une évaluation téléphonique préalable par le centre 15 (SAMU) est désormais obligatoire.
Du 29 juillet au 15 septembre, inutile de vous présenter sans préavis à un service d'urgences en Indre-et-Loire : le CHRU de Tours vient d'annoncer une réorganisation de tous les services d'urgence du département (CHRU de Tours, CH de Loches, Chinon et Amboise, ainsi que les cliniques NCT+ et pôle Santé Léonard de Vinci). Une évaluation préalable, par un appel au 15, sera désormais nécessaire.
Si le communiqué affirme qu'il s'agit "d’assurer une meilleure prise en charge territoriale des urgences vitales à la population", cette décision intervient dans un contexte de fermetures répétées des services d'urgences, notamment dans les centres hospitaliers de Loches et de Chinon. Les urgences du CH de Chinon sont d'ailleurs à nouveau fermées ce vendredi 26 juillet, jusqu'au samedi 27 au matin.
Ce sont deux arrêts maladie de médecins qui créent des trous dans le planning. Mais ce n'est pas nouveau et cela ne s'arrange pas. Nous n'avons pas d'interlocuteur pour répondre à ces problématiques, pas de ministre de la Santé pour trouver une solution, je trouve ça hallucinant et inquiétant !
Alexandre Robert, secrétaire FO du Centre hospitalier du Chinonnais
Les fermetures régulières des urgences peuvent entraîner des situations dramatiques, estime le syndicaliste :
"Un touriste qui n'a pas de médecin et présente, par exemple une douleur au bras, possible symptôme d'un infarctus, peut renoncer à se faire soigner et décider d'attendre le lendemain, explique Alexandre Robert. Il est préconisé de faire le 15, et une personne en réelle urgence sera redirigée, depuis Chinon, vers Saumur, Châtellerault ou Tours. Mais cela allonge les délais de prise en charge, et contribue à surcharger un peu plus les services en question."
La "désintégration" des hôpitaux de proximité
En février dernier, des députés ont demandé, en vain, la création d'une " commission d’enquête sur la situation des services d’urgences en France". Extrait de leur lettre adressée à Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée Nationale :
"La fermeture de nombreux services d’urgence, l’admission dans d’autres, soumise à une régulation par le 15, une régulation présentée comme temporaire, mais qui dure et s’étend, ne permettent pas une réponse adéquate aux besoins de la population. Attente au téléphone, incompréhension, renvoi vers le médecin traitant introuvable… tout cela contribue à l’insécurité, alors même que la difficulté majeure des services d’urgence est leur incapacité à trouver un lit disponible pour celles et ceux qui, régulation ou pas, ont besoin d’être hospitalisés. La désintégration des hôpitaux de proximité contribue d’ailleurs à la réduction des possibilités d’hospitalisation, à la surcharge des services d’urgence ailleurs qui voient affluer de plus en plus de patients éloignés."
Un fonctionnement dégradé qui devient la norme
Les mêmes députés évoquaient la mise en place d’une régulation par le 15 pour les entrées aux urgences, pour lutter contre la surcharge de ces dernières. Un fonctionnement dégradé, mais présenté comme transitoire (pour résister à un été de grande tension), qui "devient malheureusement de plus en plus la norme".
La Touraine entre donc dans ce "fonctionnement dégradé" à partir du 29 juillet :
"Les personnes qui sont en demande de soins et qui envisagent de se rendre aux urgences sont donc invitées à contacter préalablement le 15, qui veillera à apporter la réponse la plus juste au besoin du patient en termes de conseil et d'orientation", est-il précisé dans le communiqué du CHRU.
Concrètement, l'appel au médecin traitant doit rester la priorité. S'il n'est pas disponible ou si vous n'en avez pas, il faut appeler le 15. Un médecin régulateur est alors censé vous orienter vers une solution adaptée :
- vous bénéficiez de conseils médicaux au téléphone ou êtes orientés vers un médecin de garde.
- vous êtes dirigés vers un service d'urgences.
- Une équipe médicale vous est envoyée sur place.
Ce dispositif doit normalement prendre fin le 15 septembre prochain.