Deuxième ligne de tramway à Tours : la Chambre Régionale des Comptes s'inquiète du coût, Emmanuel Denis répond

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Dans son rapport sur le Syndicat des Mobilités de Touraine (SMT), la Chambre Régionale des Comptes s'inquiète du coût de la deuxième ligne de tramway ©J. Bernier / M. Ptak

Dans son rapport sur le Syndicat des Mobilités de Touraine (SMT) publié le 10 juillet dernier, la Chambre Régionale des Comptes évoque le coût de la deuxième ligne de tramway, estimé à 569 millions d'Euros. Et s'inquiète du retard pris dans un contexte d'inflation et de hausse des taux d'intérêt. Président du SMT et maire EELV de Tours, Emmanuel Denis répond à ces observations.

En examinant de près la situation du Syndicat des Mobilités de Touraine, la CRC, Chambre Régionale des Comptes s'est évidemment livrée à un "exercice de prospective financière sur la deuxième ligne de tramway" :

"Le grand projet actuel du SMT porte sur la construction d'une deuxième ligne de tramway (12,5 kilomètres entre La Riche et Chambray-lès-Tours), l'adaptation de la ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) ainsi que des investissements subséquents. L'entrée en service était initialement prévue en 2025".

"Initialement", car l'institution rappelle que la ville de Tours, en 2022, a souhaité une modification de l'itinéraire, avec un passage par le boulevard Jean Royer, afin de préserver les platanes du boulevard Béranger. Un changement de tracé qui permettait aussi d'éviter une reconfiguration de la place Jean-Jaurès et la suppression d'une de ses fontaines.

Les conséquences du changement de tracé

"La déclaration d'utilité publique est attendue en avril 2025, au terme de l'enquête publique qui se déroulera de septembre à octobre 2024, note la CRC. Le nouveau tracé décidé, qui substitue le boulevard Jean-Royer au boulevard Béranger, conduit à différer la mise en service, à ce stade prévue fin mars 2028."

Études complémentaires (1 million d'Euros), renouvellement de bus entre 2025 et 2027 (1,5 million d'Euros), la Chambre relève que le changement de tracé et le décalage des travaux ne sont pas sans conséquences, tout particulièrement dans un contexte marqué par l'inflation et la hausse des taux d'intérêt. Et conclue :

"Des économies et des optimisations sont attendues afin de maintenir inchangé le coût global final de l'opération".

Lors de l'étude menée par la CRC, le Syndicat des Mobilités de Touraine avait estimé à 569 millions d'Euros le coût total du projet. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, affirme Emmanuel Denis, maire de Tours et président du SMT :

"Ils se sont basés sur un chiffre qui est l'autorisation de programme votée à la Métropole, mais qui ne reflète pas forcément ce que l'on va dépenser. Aujourd'hui, le coût est évalué à 495 millions d'Euros. Un chiffre en baisse car on a cherché, et l'on continue à chercher, des sources d'économies."

"Le coût du chantier est maîtrisé"

Concrètement, des économies ont pu être réalisées sur les agencements de l'espace public, sur le choix des poteaux qui soutiennent la ligne électrique, par exemple, ou sur les aménagements intérieurs du tramway.

"Le tracé Jean-Royer ne nécessite pas d'alimentation par le sol, précise également Emmanuel Denis, une technique très onéreuse qu'il avait fallu mettre en œuvre en centre-ville sur la ligne 1."

Face aux observations de la CRC, le président du SMT reste donc serein, affirme qu'il n'y a pas de dérapage et que le coût de la deuxième ligne "n'est pas un sujet" :

"Le coût du chantier est maîtrisé. Nous sommes forcément soumis à des taux d'intérêt qui auraient été meilleurs si le chantier avait débuté il y a 3 ans, mais c'est le cas de tous les grands chantiers, comme celui de l'hôpital public, par exemple. Le coût global augmente, mais le coût moyen des travaux, lui, est resté identique depuis 2018."

Quant à la santé financière du SMT, Emmanuel Denis la juge "très bonne" :

"Lors de l'étude de la CRC, les résultats de 2023 n'étaient pas encore connus, on les a aujourd'hui et c'est un record en nombre d'usagers des transports en commun, puisqu'on dépasse les 42 millions ! Un record aussi pour les recettes de billetterie, ce qui est très positif dans la perspective de la réalisation de cette deuxième ligne. Aujourd'hui le réseau se finance avec la billetterie et la taxe de mobilité des entreprises, il est financièrement autonome."

L'opposition saisit la balle au bond

Du côté de l'opposition, le son de cloche est évidemment bien différent, et l'on s'empare du rapport de la CRC pour dénoncer le projet de ligne 2 :

Le rapport confirme ce que l'on pense depuis le début, à savoir que la ligne 2 telle qu'elle est prévue aujourd'hui n'est pas du tout viable financièrement.

affirme Marion Nicolay-Cabanne, conseillère municipale et métropolitaine d'opposition.

"On voit bien qu'il y a un coût très important pour la collectivité. (...), poursuit-elle. "Il faut que les habitants aient bien en tête que ce sont nos impôts. Cette question aurait dû leur être posée, cela n'a pas été fait."

Pour le tramway, Tours a déjà engrangé un sacré retard par rapport aux villes voisines de taille comparable (Angers, Le Mans, Orléans, etc). La ville a fêté l'an passé les 10 ans de la première ligne, la deuxième fait aujourd'hui figure de serpent de mer métropolitain (une mise en service 15 ans après la première ?). L'élue d'opposition, pourtant, n'hésite pas à demander une énième version de la copie : 

"Nous militons depuis janvier 2020 pour un projet plus sobre qui va de la gare à l'hôpital Trousseau. Il coûterait beaucoup moins cher, aux alentours de 200 millions d'Euros, puisqu'une partie de la ligne existe déjà et que le reste ne nécessiterait pas de gros travaux d'aménagement. On devrait essayer une ligne de bus à haut niveau de service sur la partie Ouest, ce qui permettrait de voir s'il y a suffisamment d'usagers pour envisager plus tard une liaison tramway. Avec la ligne 2 telle qu'elle est envisagée aujourd'hui, il n'y aura pas d'autres grands travaux pendant des années dans la métropole, en plus d'une augmentation des impôts."

Après le succès rencontré par la première ligne de tramway à Tours, et au vu de l'urgence à développer des modes de transport en commun non polluants, on aurait pu espérer une forme d'unanimité chez nos élus, et une certaine diligence dans la mise en œuvre. On est bien loin du compte...

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