Un RER à Tours et à Orléans : que contiennent les projets de services express métropolitains, labellisés par l'État ?

Les projets de Serm de Tours et Orléans ont reçu le label du ministère, en attendant le lancement officiel des opérations. Si rien n'est certain, et que ces réseaux ne devraient pas aboutir avant une décennie, France 3 vous détaille les grandes lignes des futurs RER du Centre-Val de Loire.

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Un petit pas de plus sur une route très longue. Ou plutôt, sur une voie ferrée. Ce vendredi 5 juillet, le projet de Serm (Service express régional métropolitain) d'Orléans a été labellisé par le ministère de la Transition écologique, aux côtés de huit autres projets en France. Dix jours plus tôt, le Serm de Tours recevait le même label officiel, au sein d'une première salve de 15 projets adoubés par l'État.

"Ça nous met dans la course", s'exclame Emmanuel Denis, maire de Tours et vice-président de la métropole tourangelle chargé des transports. Pour lui, ce label "valide la qualité du projet".

Pour revenir un petit peu en arrière : fin 2022, est annoncé que dix grandes villes de France pourraient bénéficier de RER métropolitains. Depuis rebaptisés, donc, Serm. À l'époque, Tours et Orléans n'intègrent pas la shortlist des villes en question.

Mais le constat est implacable, comme l'explique Charles-Eric Lemaignen, adjoint à la mairie d'Orléans, et vice-président de la métropole chargé des connexions métropolitaines :

Pour développer nos projets, on a besoin de subventions de l'État. Pour l'instant, on n'en a pas beaucoup, on n'en a que pour les études. Donc, c'est clair, quand il y aura des subventions, elles seront fléchées vers les territoires de site Serm.

Charles-Éric Lemaignen, vice-président d'Orléans métropole

Les collectivités se sont donc rapidement mises autour de la table pour définir ensemble (région, département, communautés de communes, métropole) un projet commun. Le peser, et l'envoyer au ministère pour labellisation. En espérant, un jour, voir les subventions arriver de Paris. Résultat, près de 25 Serm ont reçu le sésame.

Concrètement, cette labellisation ne veut pas dire que les projets vont être mis en place avec certitude. Le statut officiel de Serm, lui, ne sera attribué qu'en 2025. En attendant, les différentes collectivités porteuses d'un projet (dont Orléans et Tours) vont pouvoir bénéficier d'une partie des 800 millions d'euros promis par l'État pour les études de faisabilité, et pour de premiers travaux lapidaires.

À Tours, trains neufs et nouvelles gares

À Tours, premiers travaux, il y a déjà. Ces dernières années, la région a notamment fléché d'importants budgets vers la remise en état des lignes vers Loches et Chinon, tombées en décrépitude. Dans un avenir proche, d'autres choses sont déjà prévues. Du côté de Saint-Cyr-sur-Loire, la halte ferroviaire abandonnée doit être réouverte. "Il faut remettre en état, refaire les accès, peut-être créer un parking... On a déjà engagé les financements avec la métropole, la région et SNCF Réseau pour rouvrir cette gare avant 2026", espère Emmanuel Denis.

Dans le temps plus long, le maire de Tours compte "utiliser le plus possible" les huit branches de la fameuse étoile ferroviaire tourangelle. Avec pour ambition d'aller jusqu'aux confins du département. Voire Saumur et Blois. Avantage du dossier : "l'infrastructure est déjà là, les coûts seront donc principalement fléchés sur l'achat de matériel roulant et le fonctionnement, donc du personnel". Mais il ne suffit pas d'avoir plus de trains. L'organisation du planning de circulation (les sillons réservés, dans le jargon SNCF) est "très complexe à gérer et prend du temps".

Mais, dans l'idée, le projet doit devenir une alternative à la voiture en proposant "des dessertes sur les 44 haltes ferroviaires avec un bon cadencement" et "une plage horaire étendue". Et, plus que d'aller là où ils vont déjà, les futurs trains du Serm tourangeau pourraient desservir de nouvelles zones de la métropole. Le tout sans avoir besoin de créer de nouvelles lignes.

De nouvelles gares pourraient voir le jour dans des zones très urbanisées de la métropole, où la ligne passe sans s'arrêter. Des études sont déjà engagées pour deux haltes toutes neuves. Entre Saint-Pierre-des-Corps et Montlouis, "La Ville-aux-Dames est une cible, une nécessité même", estime Emmanuel Denis. Autre emplacement pour une future gare, la correspondance avec le tram A (et le futur B) le long du boulevard Winston-Churchill, du côté des stations Verdun ou Suzanne-Valendon. Enfin, une option est envisagée près du futur terminus du tram B, à La Riche, mais reste "plus hypothétique", juge l'édile.

À Orléans, priorité à l'université et aux laboratoires

Du côté d'Orléans, le projet de Serm avait été moins publicisé que son équivalent tourangeau. Il a d'ailleurs été déposé plus tard, mais découle du même constat : "On a beaucoup trop d'autosolisme à Orléans", lance Charles-Éric Lemaignen. Ici, il n'y a pas huit, mais sept branches à l'étoile ferroviaire, dont seules trois sont utilisées par le transport de voyageurs.

Pour le vice-président de la métropole, cette étoile constitue l'une des priorités du futur Serm, qui pourrait permettre la "diamétralisation" des lignes. Autrement dit, comme pour le RER parisien, aller de banlieue à banlieue sans avoir besoin de passer par un terminus dans la ville centre. Exemple orléanais typique : "La liaison entre Les Aubrais et Saint-Cyr-en-Val, en tram, on met 50 minutes. En train, c'est 9 minutes." Une liaison rapide vers le sud d'Orléans est, pour lui, "essentielle". "Plus largement, on parle d'Artenay - La Ferté-Saint-Aubin."

(LÉGENDE. Lignes bleues : lignes ferroviaires voyageurs. Lignes vertes : lignes Fret. Points bleus : principales gares voyageurs. Points orange : nouvelles dessertes envisagées.)

D'autant que cette zone sud de la métropole a bien "besoin d'une liaison rapide avec Paris", autre priorité du Serm orléanais, à en croire l'élu. Même constat pour François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire : "On réfléchit fortement à une poursuite des trains venant de Paris vers Saint-Cyr, pour desservir directement le pôle universitaire et les grands laboratoires." Un déplacement de la gare de Saint-Cyr-en-Val, plus proche du CNRS et du campus de La Source, est également dans les tuyaux.

De nouvelles lignes

Comme évoqué ci-dessus, plusieurs branches de l'étoile ferroviaire orléanaise ne sont, à date, utilisées que pour du transport de marchandises. Elles pourraient, dans quelques années, avoir une nouvelle fonction. Comme la ligne de Beauce entre Orléans et Voves, dont la réouverture est évoquée de longue date pour lier directement la capitale régionale à Chartres, mais dont l'exploitation voyageurs se heurte à la traversée de la base militaire de Bricy.

Reste que, jusqu'à Bricy, "il y a quelque chose à regarder", souffle François Bonneau. La ligne passe en effet en plein centre d'Ormes, et tout près d'Ingré. Zone qui s'est urbanisée, ces dernières années, à toute vitesse. "Ingré est la ville qui se développe le plus, donc c'est une vraie question", ajoute, songeur, Charles-Éric Lemaignen.

Autre option de réouverture, la ligne d'Orléans à Pithiviers, du moins sur son tronçon Les Aubrais - Neuville-aux-Bois. L'hypothèse de son exploitation ferroviaire doit en tout cas faire l'objet d'une étude, promise par le dernier contrat de plan État-région (CPER). Dont le volet investissements mobilités est chiffré à 514 millions d'euros.

Orléans-Châteauneuf... et Gien ?

Est-il encore bon de parler de serpent de mer quand le serpent semble ne plus savoir nager ? Même promesse du dernier CPER, la réouverture de la ligne Orléans-Châteauneuf doit faire l'objet d'une nouvelle étude. Et doit pouvoir s'inscrire dans le Serm orléanais, assène François Bonneau. "Ça va coûter de l'argent, mais mon souhait est qu'on puisse faire un train léger, à énergie hydrogène par exemple." Budget de l'opération, tel que chiffré en 2017 (avant que le maire de l'époque, Olivier Carré, ne s'oppose à la création d'une nouvelle voie en gare d'Orléans et que le projet ne capote) : 200 millions d'euros.

Et ce n'est pas le plus ambitieux des projets du président de région. Lui espère toujours le retour de la ligne Orléans-Gien dans son entièreté. Dans son état actuel, le tronçon Châteauneuf-Les Bordes est à l'abandon. Et le tronçon Les Bordes-Gien a carrément été déclassé, et n'appartient plus à la SNCF. "C'est beaucoup plus lourd", concède François Bonneau. Mais "on ne peut pas laisser Gien dans cette situation très compliquée, avec un trajet routier Gien-Châteauneuf pas du tout calibré, et saturé".

(LÉGENDE. En vert, la ligne utilisée par le Fret. En jaune, la ligne non exploitée. En orange, l'ancienne ligne déclassée.)

En attendant Gien, si ligne Orléans-Châteauneuf il y a, le président de la région milite pour un "hub" à Châteauneuf-sur-Loire, avec "des bus express venant de Montargis ou Gien". De quoi répondre aux défis de "l'isolement de l'est du Loiret" et de la "liaison d'Orléans avec son environnement".

La solution des cars express

Charles-Éric Lemaignen, s'il soutient l'inclusion de l'axe Orléans-Châteauneuf dans le Serm, est en désaccord avec la solution de la région. "C'est un avis personnel qui n'engage personne, mais je pencherais plutôt vers un bus express en site propre à la place de la voie ferrée. Ça coûterait quatre à cinq fois moins cher."

Le car express a aussi sa préférence sur Orléans-Neuville. Le train y est "une priorité du département, je le comprends, mais il n'y a pas beaucoup de clients potentiels", juge-t-il.

Selon lui, "tous les territoires autour d'Orléans veulent développer le car express", une alternative au train et un bus "qui ne s'arrête pas tous les 200 mètres". L'élu en imagine un allant de Chartres à l'université d'Orléans. "Ça se réfléchit."

Intermodalité renforcée

De manière plus générale, les Serm ne sont pas seulement des renforcements de l'offre ferroviaire, mais "une facilitation de l'interface entre métropole et territoire irrigué", défend François Bonneau. Ce qui passe par une meilleure intermodalité entre tous les moyens de transport. À Tours, Emmanuel Denis souhaite développer les "pôles d'échange multimodaux", pour que l'accès au bus ou au vélo soit des plus simples dès la sortie du train. Et inversement.

Dans le Loiret, Charles-Éric Lemaignen salue les réflexions du département sur les "points-nœuds multimodaux". Des zones qui, selon leur importance, proposeront du transport collectif, des aires de covoiturage, des abris sécurisés pour les vélos, des bornes de recharge de véhicules électriques, et autres services dédiés à la mobilité. De quoi, dans l'idée, proposer des offres de transport à moins de 10 km de 98% des Loirétains, défendait le département à la fin de l'année 2023.

Tous ces travaux visent à rendre la correspondance facile, la rupture de charge la plus légère possible. De manière générale, les élus qui ont travaillé sur ces projets de Serm n'ont qu'un mot à la bouche : simplicité. "La simplification est un moyen de rendre le transport commun attractif", défend Charles-Éric Lemaignen, qui cite l'autopartage, le covoiturage et le transport à la demande comme des moyens simples et lisibles de limiter l'autosolisme, y compris en ruralité.

Un ticket unique

Les collectivités réfléchissent aussi à une simplification côté documents. La région espère aboutir à un outil permettant de réserver un voyage d'un point A à un point B via une seule plateforme, malgré la multiplicité des moyens de transport (train, bus, tram, transport à la demande, etc.) Pour y parvenir, des tickets uniques, valables à la fois sur le réseau régional de bus et train Rémi, et sur les réseaux de transports en commun métropolitains, sont en réflexion.

Maillon le plus ambitieux de cette vision : une billetterie unique sur la ligne Tours-Le Mans-Caen. "On aurait un seul billet pour prendre le tram à Tours, le train jusqu'au Mans, le bus là-bas, puis le train pour Caen, et les transports en commun à Caen", se réjouit Emmanuel Denis. Une étude a été engagée, et ses conclusions devraient arriver "à la fin de l'année ou début de l'année prochaine".

C'est pour quand, tout ça ?

Question délais, personne n'ose trop se mouiller. D'autant qu'aucun de ces projets n'est officiellement validé par l'État. Et, sans l'argent de l'État, les territoires n'iront pas très loin. Pour l'instant, même l'argent des études préalables n'est pas engagé.

Pour Emmanuel Denis, pour que le projet de Serm soit "mature", "il faudra au moins dix ans". Il faudra, donc, prendre son mal en patience avant de pouvoir se targuer de prendre le RER à Joué-les-Tours ou La Chapelle-Saint-Mesmin.

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