La bryologie est une branche de la botanique qui étudie les mousses. Un pôle a été créé au Conservatoire botanique national du Massif central. Dernièrement, des espèces de mousses d'une grande rareté ont été découvertes, dont le Breutelia chrysocoma dans le Cantal, dans les gorges de la Rhue.
Les bryologues du pôle spécialisé du Conservatoire botanique national du Massif central étudient la flore et les habitats naturels, ils travaillent aussi à la réalisation d' inventaires et la conservation des espèces.
Dans les Gorges de la Rhue, classé espace Natura 2000, l'Office National des Forêts leur a confié la mission d'inventorier les espèces de mousses. Ce long et patient travail, mené depuis plusieurs années dans la forêt et dans les éboulis sur silices, a confirmé que le secteur est un foyer de concentration de bryophytes . "C'est une île de Bretagne à 400 kilomètres à l'intérieur des terres" disent les spécialistes car on y trouve nombre d'espèces caractéristiques de la Bretagne, paradis des bryologues.
Les bryophytes sont des végétaux chlorophylliens qui se reproduisent par le biais de spores, ils sont très abondants en milieux humides. Leur présence s'explique ici par des conditions géomorphologiques et climatiques idéales, les gorges de la Rhue sont en effet profondes et rocheuses, et enchâssées entre le massif du Sancy, le massif du Cézallier et les Monts du Cantal, dans une zone ouverte vers l'ouest et donc à l'arrivée des perturbations.
250 espèces y ont été recensées, dont 70 jugées rares et menacées et une petite dizaine, hyperocéaniques exceptionnelles en Europe.
Il y a 4 ans, les bryologues ont même découvert la présence du Breutelia chrysocoma, sur seulement quelques mètres carrés, avec en prime une autre rareté: la présence sur le même site d'individus mâles et femelles, ce qui laisse entendre une origine depuis un âge très reculé.
Après cette découverte, une cartographie très précise a été établie pour suivre la reproduction et l'évolution de cette mousse et si besoin, mettre en place des mesures conservatoires.
Des espèces rares d'insectes, et de lichens ont également été trouvées, témoins que la forêt ici aurait vécu naturellement depuis la dernière glaciation.
Les études lancées après ces inventaires permettront d'en apprendre plus sur les milieux naturels. Mais déjà, avec 1082 espèces présentes sur les 1400 recensées en France, le Massif central a gagné sa place de région la plus riche en bryophytes.