Des salariés du transporteur MoryGlobal (ex-Mory Ducros) ont mené plusieurs opérations escargot lundi dans plusieurs villes de France, à la veille de l'examen par la justice de la demande de liquidation de leur entreprise. Une dizaine de camions a défilé dans les rues de Clermont-Ferrand.
Ces manifestations étaient organisées "pour continuer à mettre la pression" afin d'obtenir de meilleures conditions de départ et d'accompagnement, a expliqué à l'AFP Stéphane Bouinier, représentant de la CFDT chez MoryGlobal, A Clermont-Ferrand, un cortège d'une dizaine de camions a circulé dans les rues du centre ville avant de marquer un arrêt devant la Préfecture et sur la place de Jaude.
Le tribunal de commerce de Bobigny va en effet examiner mardi 31 mars le sort de MoryGlobal (2.150 salariés), placé en redressement le 10 février dernier avec une période d'observation de six mois. Le transporteur n'ayant reçu aucune offre de reprise sérieuse, sa liquidation judiciaire semble "inéluctable".
Une audience à huis-clos est prévue à 14H30 au tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis), lequel avait placé la société en redressement le 10 février dernier, avec une période d'observation de six mois.
Entre-temps, la situation financière s'est aggravée pour l'ancienne compagnie Mory-Ducros, qui n'a pas attiré de candidats crédibles à la reprise. La société Transports Malherbe a finalement retiré son offre, la plus importante parmi celles déposées et qui portait sur uniquement 141 salariés.
Dès lors, "la liquidation judiciaire est inéluctable", confie une source proche du dossier.
La justice commerciale prononcera la liquidation dès mardi ou placera sa décision en délibéré. Cette seconde option ne ferait que retarder l'inévitable pour une société ayant subi l'année dernière une perte nette évaluée à 43 millions d'euros.
Il s'agit d'un nouveau coup de massue pour les salariés, dont un grand nombre ont effectué la majorité de leur carrière dans l'entreprise. Rescapés du plan social déclenché en 2014, après la faillite de Mory Ducros (2.800 licenciements), ils se battent désormais pour obtenir un plan de sauvegarde de
l'emploi (PSE) convenable.
Tous réclament l'aide de l'Etat et dénoncent le silence de l'actionnaire Arcole Industries - qui était également celui de Mory Ducros. Le propriétaire "a toujours été absent des débats, des demandes, il n'est pas présent du tout", se plaint Denis Jean-Baptiste, le secrétaire du comité d'entreprise.
"Qu'est-ce qui nous reste aujourd'hui? Arcole nous a tués", accuse Patrick Potin qui, à 53 ans, en a passé 24 dans l'entreprise, sa "deuxième famille".
Pour les 2.150 collaborateurs de MoryGlobal, il n'est pas question de partir "avec moins que nos camarades de l'année dernière", prévient Stéphane Boudaud. Sous la pression du gouvernement, l'actionnaire avait consenti à verser aux licenciés de Mory Ducros 30 millions d'euros de plus que le minimum légal.
L'Etat a demandé "expressément au groupe Arcole Industries d'assumer ses responsabilités d'actionnaire et de contribuer au financement du PSE", répondant au souhait des représentants du personnel, reçus au secrétariat d'Etat aux Transports.
A cette occasion, les pouvoirs publics se sont engagés à mettre en place "un dispositif exceptionnel d'accompagnement individualisé", avec le recours à un cabinet de reclassement, une bourse à l'emploi et le versement pendant deux ans d'une somme allant "jusqu'à 300 euros par mois pour les salariés ayant retrouvé des emplois moins bien rémunérés". "C'est le minimum qu'ils pouvaient faire", a commenté M. Boudaud. Plus optimiste, Force ouvrière y a vu "une réelle volonté" politique, selon son représentant Michel Ariba. Qui prévient tout de même que "les sites restent occupés", dans l'attente d'engagements fermes. "On a fait passer le message aux troupes sur le terrain", abonde Denis Jean-Baptiste. "Tant que nous n'avons pas un accord PSE signé en bonne et due forme, on maintient la pression sur nos agences".
L'Etat invitera à nouveau les représentants du personnel, "afin d'avancer dans la voie d'un règlement de la situation des salariés de MoryGlobal", a-t-il faitsavoir dans un communiqué.