Paul Morlet n'a pas froid aux yeux: après avoir crée, à 20 ans, des lunettes tendances, les "Lulu Frenchie", il veut révolutionner le monde des opticiens avec des lunettes à 10 euros. Après Paris, il ouvre, ce samedi 11 avril, sa deuxième boutique à Lyon.
D'après les chiffres de UFC-Que Choisir (2013), un opticien vend presque trois paires de lunettes par jour à un prix moyen de 470 euros (393 euros HT). L'opticien dégage une marge brute de 275 euros, soit un taux de marge de 233% !
Un constat qui scandalise le jeune lyonnais, "Vous trouvez normal qu'on vende des lunettes payable en 12 fois" dans un pays "où des millions de Français n'ont pas de mutuelle ?", s'insurge-t-il.
Alors, Paul Morlet veut frapper un grand coup dans la fourmilière.
Les montures viennent de Chine, les verres de Corée. Premier prix: 9,99 euros (5 euros pour la monture, 2,50 euros par verre). Pour des verres progressif, la paire démarre à 29,99 euros. Le prix des montures peut grimper à 20 euros, ceux des verres à 100 euros l'unité, soit 220 euros maximum pour monture + verres.
En mai 2014, il a ouvert une première boutique à Paris. Depuis,il vend 250 paires par jour, avec un panier moyen à 35
euros. Un prix moyen qui a étonné ce créateur mais qui s'explique car il a servi "une clientèle âgée inattendue" attirée par des verres progressifs à prix imbattables.
Cette fois c'est dans le quartier de la Guillotière qu'il s'installe dès aujourd'hui, samedi 11 avril 2015 et malgré ses prix de vente très bas, il assure être rentable "J'ai une marge brute de 5 euros" et il fait des économies grâce aux volumes et à
son modèle de vente: "Le client choisit sa monture lui-même, la vente doit durer sept minutes au maximum". Puis, les demandes du client sont envoyées par tablette dans la salle d'à côtéoù un robot japonais ultra-sophistiqué produit dix lunettes tous les quarts d'heure.
Si cette idée est la siennePaul Morlet ne cache pas avoir des investisseurs derrière lui, pourtant, l'initiative "Lunettes pour tous" ne fait pas l'unanimité chez les opticiens. "C'est un concept pour faire parler, pour casser de l'opticien", s'agace Christian Roméas, président du syndicat des opticiens entrepreneurs (Synope). Il poursuit en déclarant en avoir " marre qu'on lui parle du prix des lunettes" alors qu'"aujourd'hui, n'importe quel opticien vous fait un équipement pour 39 euros, en dessous de ce que rembourse la CMU (couverture maladie universelle)".
Mais tous les opticiens ne voit pas cette arrivée d'un mauvais oeil. "Il en faut pour tout le monde, moi je trouve ça bien, notamment pour les étudiants", analyse, bon esprit, l'opticien le plus proche du magasin Lunettes pour tous de Lyon.
"Je ne suis pas inquiet, on ne se fait pas d'ombre", "le seul grand risque, c'est de banaliser le produit et d'en faire un produit de consommation de base alors que nous sommes des professionnels de santé", explique Olivier Chastand des Opticiens mutualistes.
En attendant, Paul Morlet mise sur l'avenir, il espère ouvrir trois autres boutiques cette année, à Marseille, Lille et Bordeaux.