Un "conquérant" pour le journal La Montagne ou un "défenseur gonflé du capitalisme" pour l'Humanité : Aprés le décès de François Michelin hier à Clermont-Ferrand, la presse dresse le portrait d'un industriel de légende aux relations contrastées avec les syndicats.
Conquérant pour La Montagne
"Le destin de François Michelin, personnalité hors du commun, a eu deux versants : une formidable réussite professionnelle et des tragédies familiales qui ont marqué sa vie. (...) François Michelinne laissait personne indifférent, provoquant les sentiments les plus extrêmes, véhiculant une image avec son immuable imperméable, sa sacoche, sa 2CV avec laquelle il circulait dans Clermont-Ferrand,confinant à la caricature ou à la légende."
Le Figaro célèbre un industriel de légende
"C'était un industriel éclairé, un grand homme qui avait la rare capacité d'avoir une réflexion autonome. Il raisonnait par lui-même, c'est d'ailleurs ce qui faisait sa richesse», se souvient Yves Messarovitch, coauteur, avec Ivan Levaï, du livre Et pourquoi pas? que François Michelin avait cosigné en 1998."Pour Le Figaro, "il n'y a plus de membres de la famille à la direction du groupe. Une page est tournée."
Le Monde : Le dernier des Mohicans
"En 1988, lorsque M. Michelin propose à ses salariés 20 centimes de l’heure d’augmentation, il feint de s’étonner qu’ils prennent la proposition pour une provocation. A tout bout de champ, il professe ouvertement son incompréhension du droit du travail, « d’inspiration marxiste, car reposant sur la lutte des classes ». Provocation encore, lorsque la direction du personnel décide, en 1999, de libeller les feuilles de salaire avec la mention « prix payé par le client pour votre travail ». Condamné par la justice, Michelin devra revenir à un bulletin de paie plus classique. Le Monde cite les propos de sa dernière interview : "Ce qui reste d’une vie, c’est ce qu’on a appris auprès des hommes."
Libération : « Le dialogue social quasiment impossible avec les salariés »
"Entre une vision entrepreneuriale paternaliste et la gestion familiale de l’entreprise, est-ce que le modèle Michelin est devenu anachronique ?" Libération a interrogé Alain Martinet, ancien ouvrier chez Michelin et délégué syndical CFDT. "Je pense qu’il existe encore un grand nombre d’industriels qui sont les héritiers de ce paternalisme démocrate chrétien. Mais lorsque François Michelin était à la tête de l’entreprise, le dialogue social était quasiment impossible avec les salariés. Il ne répondait pas aux tracts ni aux demandes de rendez-vous. La situation a cependant évolué avec l’arrivée de son fils à la tête de l’entreprise."L’Humanité : Un défenseur gonflé du capitalisme
"Monsieur François était un adversaire résolu des syndicats, pas utiles puisque « les racines de tout patron, c’est le contact avec les hommes en tête à tête ». Un pourfendeur du Code du travail, « d’inspiration marxiste car reposant sur la lutte de classes » ; plus généralement, d’ailleurs, selon lui, le « drame » du pays tient au fait que « depuis des générations la France est entre les mains des fils de Marx ".L’Equipe : Cinq titres de F1 avec les pilotes
"Pierre Dupasquier, qui fut le directeur de la compétition de François Michelin dès 1973 ( titre mondial des rallyes avec Alpine) jusqu’en 2005, se souvient : François Michelin n’était pas spécialement un homme de compétition, ce qui l’intéressait dans la course, c’était la possibilité offerte d’aller jusqu’au bout du développement d’un produit."L’Equipe rappelle que de 1977 à fin 2006, Michelin a conquis cinq titres de F1 avec les pilotes, quatre avec les constructeurs, et remporté plus de 100 grands prix, privilégiant la compétition et se refusant à être fournisseur unique du plateau."