Un nouveau rapport sur les causes du décès de Wissam El-Yamni, interpellé dans des conditions controversées à Clermont-Ferrand en 2011, exclut l'hypothèse de coups mortels portés par les policiers, a-t-on appris mercredi de source proche du dossier.
Cette expertise, ordonnée par la juge d'instruction à la demande des avocats de la famille de Wissam El-Yamni, a été réalisée par un collège d'experts, un cardiologue, un médecin-légiste et un radiologue. Elle valide l'existence de fractures liées aux coups portés par les policiers mais ne fait aucun lien direct entre l'existence de ces coups et la mort du jeune homme.
Par ailleurs, les experts mentionnent comme hypothèse un cocktail drogue-alcool qui, combiné au stress de l'interpellation, aurait été fatal au jeune homme, selon cette même source.
Interpellé dans la nuit de la Saint-Sylvestre 2011, Wissam El-Yamni, 30 ans, était mort neuf jours après être tombé dans le coma le soir de son arrestation. Sa famille a toujours estimé qu'il avait été victime de violences.
Dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l'autorité publique", les deux policiers qui avaient transporté le jeune homme avaient été mis en examen en mars 2014. L'un d'eux a vu sa mise en examen annulée par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Riom (Puy-de-Dôme) en janvier. Il a été placé sous le statut de témoin assisté.
Un rapport de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait relevé l'emploi sur la victime, lors de son transport au commissariat, de la technique du "pliage", qui consiste à maintenir la tête appuyée sur les genoux.
De même, l'autopsie préliminaire du jeune homme, qui excluait une mort traumatique due à des coups des policiers, évoquait une "compression des artères carotides internes" lors du transport en voiture de police. Des photographies du corps de Wissam El-Yamni avaient également montré un serrage au niveau du cou.
Mais un rapport d'experts avait ensuite envisagé qu'un "cocktail toxique", combinant une "action toxique aiguë de la cocaïne sur le coeur", ainsi qu'un mélange d'alcool et de cocaïne, avait entraîné l'arrêt cardiaque du jeune chauffeur routier. Une hypothèse remise en cause alors par les avocats de la famille de Wissam El-Yamn, électrocardiogrammes à l'appui.
Ces derniers, partie civile dans le dossier, n'ont pas souhaité s'exprimer mercredi sur la nouvelle expertise, réservant leurs observations au juge d'instruction. L'avocat du policier qui reste mis en examen s'est également refusé à tout commentaire. L'affaire avait provoqué plusieurs nuits de tension dans les rues de Clermont-Ferrand.