Le groupe EELV à l'Assemblée serait-il "au bord de la scission", comme l'affirme le journal l'Opinion ? Dans une lettre écrite par Danielle Auroi, l'élue demande avec 8 autres signataires une réunion pour élire un nouveau bureau. Une manière de remettre en cause l'actuelle coprésidence.
La lettre, qui s'adresse aux coprésidents du groupe écologiste, n'avait pas vocation à être diffusée dans la presse, elle a pourtant été révélée le 7 juin par le journal l'Opinion. "La personne qui a fait fuiter ce courrier veut du mal au groupe. Elle veut que ce groupe éclate. Mais tout le monde a à y perdre", réagit par téléphone Danielle Auroi. Voilà pour la forme, car sur le fond, la députée verte du Puy-de-Dôme confirme la démarche engagée avec 8 autres députés écolos (voir encadré).
Ces élus demandent la tenue d'une assemblée générale annuelle " d'ici la mi-juin", "en accord avec les statuts qui sont ceux des associations de la loi 1901", pour notamment "revoir le travail du groupe". "Une telle AG comporte un bilan moral, un bilan financier et a aussi pour objet d'élire ou de réélire le bureau après des débats d'orientation et quitus aux présidents et trésoriers", écrit Danielle Auroi.
Des divergences de ligne politique...
Un courrier qui illustre bien les tensions chez les Verts, entre "frondeurs" écolos et députés "pro-gouvernement", parmi lesquels François de Rugy et Barbara Pompili, actuels coprésidents du groupe. "Sur une loi aussi emblématique que celle relative au renseignement, le parti a demandé au groupe de voter contre. L'un a voté pour (NDLR, F. de Rugy), l'autre s'est abstenu (NDLR, B. Pompili). Ce sont eux, les frondeurs, par rapport à notre ligne politique", estime Danielle Auroi, qui dénonce "le manque de fonctionnement collectif du groupe".
.. à une ligne de fracture ?
Dans la réponse écrite par Barbara Pompili et publiée également par l'Opinion, celle-ci fait part de son étonnement sur la méthode employée : "un texte avec une liste de signataires (...) comme s'il s'agissait de l'émanation d'une forme de sous-groupe constitué ou, en tous cas, de fonctionnement en 'motions'. Cela va à l'encontre du souhait qui semblait faire consensus de ne pas scinder le groupe en deux sous-groupes".Une scission pourrait signifier la fin du groupe EELV à l'Assemblée, qui compte 18 membres. Or, il faut 15 députés pour constituer un groupe.
"Je ne suis pas coupeuse de tête", assure la députée auvergnate. "J'ai pris la plume pour essayer de faire l'interface (...) Il faut remettre les choses à plat". Et d'ajouter : "Je veux que notre projet politique soit lisible". Le dialogue permettra-t-il d'éviter la rupture ? Pas facile, d'autant que plusieurs députés pro-Hollande réfléchissent, selon l'Opinion, "à la création d'une nouvelle structure qui aurait vocation à rejoindre la majorité".
Les signataires : Danielle Auroi, Laurence Abeille, Isabelle Attard, Michèle Bonneton, Sergio Coronado, Cécile Duflot, Noël Mammère, Jean-Louis Roumegas, Eva Sas.