3 questions sur la précarité en Isère

Interview de Claire Cotte, déléguée départementale du Secours Catholique en Isère, suite au dernier rapport de l’association. En dix ans, la pauvreté des famille s'est dégradée.

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1 - Constate-t-on un durcissement de la pauvreté en Isère ? Sous quelle forme ?


C’est le même constat qu’au niveau national. Les situations sont de plus en plus complexes, et il est de plus en plus difficile de s’en sortir, d’améliorer sa situation. La précarité ne revêt pas qu’un seul aspect, mais plusieurs : accès à l’emploi difficile, santé fragile, rupture familiale.

Malheureusement, on observe aussi de plus en plus de personnes endettées - des dettes liées à tout ce qui est loyer, logement. Il y a une « précarisation du toit », avec un risque d'escalade inquiétant. Quand tout se délite en même temps, il est effectivement difficile de s’en sortir, et les gens ont peu de piliers sur lesquels s’appuyer. On constate un affaiblissement de la solidarité familiale.


2 - Quelles sont les populations les plus touchées ?


En Isère, le nombre de familles accueillies par nos équipes a augmenté de 20 points. Sur ces familles, 23% d’entre elles sont monoparentales, avec une femme pour parent. En 2001, 26% des personnes accueillies étaient des mères avec enfant, aujourd’hui cette proportion atteint 46%. On peut le dire, la précarité se féminise.

Ces femmes ont clairement des difficultés à accéder à un travail et à une garde d’enfants. En général, ces femmes ont un niveau de formation peu élevé, et les emplois - peu qualifiés - auxquels elles peuvent prétendre s’étalent souvent sur des horaires atypiques, de tôt le matin jusqu’à tard le soir…Le problème, c’est qu’elles n’ont aucun de moyen de faire garder leurs enfants. Du coup, elles n’ont pas de revenus, et ont du mal à boucler leur fin de mois…

 

3 - Quelles solutions pour l’avenir ?


Il faut tous se mettre autour d'une table, avec l’Etat et les associations, pour trouver des solutions alternatives. Il y a urgence quant à l’accès à emploi et au logement des personnes… J’ai aussi envie d’appeler les gens à s’engager, en devenant bénévoles ou en donnant de l’argent. On a toujours besoin de bénévoles. En Isère, la structure du Secours Catholique fonctionne avec 950 bénévoles pour 10 salariés. Plus on a de bénévoles, plus on a de projets.

Côté action, nous aidons très peu sous forme de colis alimentaire. Par contre nous avons des épiceries sociales, et nous fournissons une aide d’urgence. Nous oeuvrons beaucoup dans l’accompagnement global des personnes, pas forcément sous forme d’une aide financière - nous les aidons dans leurs démarches. Cela peut prendre la forme du conseil juridique, d’une aide pour l’accès au droit. On s’aperçoit que beaucoup de personnes font l’impasse sur les démarches administratives, trop compliquées. Les gens ne s’adressent plus au Conseil général, à la CAF, ils ont des droits mais ne ne les font pas valoir. Exemple avec le RSA : des milliards d’euros n’ont pas été mobilisés… De plus, lorsqu'on a des difficultés économiques, on s’isole, on ne sort plus, c’est un problème.

Nous avons la chance d’avoir un Etat qui s’occupe du citoyen, avec des minimas sociaux. Problème, ceux-ci n’ont pas été revalorisés depuis de nombreuses années, en fonction du coût de la vie. Nous attendons donc une démarche institutionnelle de revalorisation.

Au niveau national, il y aura prochainement une rencontre entre le Secours Catholique et la Direction générale de la cohésion sociale.
Notre association a déjà fait remonter les dysfonctionnements : nous avons écrit aux sénateurs concernant le vote du budget, au sujet des taxes demandées aux demandeurs d’asiles…


Quelques chiffres sur le rapport annuel du Secours Catholique

 

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