30 ans après la catastrophe de Tchernobyl, la pollution radioactive toujours présente

Le 26 avril 1986, le quatrième réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, situé dans le nord de la république socialiste soviétique d'Ukraine, explosait, contaminant une bonne partie de l'Europe. 30 ans après cet accident nucléaire sans précédent, la contamination des sols persiste. 

Les sols sont aujourd'hui toujours contaminés selon une étude de l'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (ACRO).

"La contamination des sols est très hétérogène mais l'ensemble des échantillons de sol analysés en France (103) comme en Europe (17) présente une contamination", précise l'ACRO dans son étude sur le Cesium 137, basée sur la collecte de 364 échantillons (des sols à la viande de rennes) fournis par une centaine de "préleveurs volontaires" et trois associations dans 13 pays européens, entre octobre 2014 et décembre 2015.
"On mesure jusqu'à 68.000" becquerels par kilo séché (Bq/kg sec) dans les sols des Alpes" à Jausiers (Alpes de Haute Provence)", écrit le laboratoire associatif souvent sollicité par des associations antinucléaires mais aussi par des élus locaux proches de sites nucléaires.
"En France, l'Est du pays présente encore des contaminations importantes. En plaine, on mesure jusqu'à 174 Bq/kg sec, à Labaroche (Haut-Rhin)", estime l'Acro qui a publié l'étude sur le site internet tchernobyl30.eu.org.

Le résultat de l'étude sur la carte ci-dessous



Le césium 137 toujours présent dans les sols 

De son côté, la Criirad, Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité, laboratoire indépendant implanté à Valence, dénonce de son côté une "contamination durable" et "un impact sanitaire non négligeable".  "Les dernières campagnes de carottages de sol effectuées par le laboratoire de la CRIIRAD en 2014 et 2015 en Alsace ou en Rhône-Alpes montrent que le césium 137 est toujours présent dans la couche superficielle des sols (...). La période physique du césium 137 est de 30 ans, c’est-à-dire que sa radioactivité est divisée par deux en trente ans, il faudra attendre 300 ans pour qu’elle soit divisée par 1 000," indique la Criirad dans un communiqué publié à la veille du 30e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl.

"Les niveaux de contamination en césium 137 restent supérieurs à 10 000 Bq/m2 sur de nombreux sites du tiers est de la France," poursuit la Criirad. L'organisme indépendant cite notamment le cas des communes de Saint-Clair du Rhône et Péage de Roussillon (Isère) ou encore Vassieux en Vercors (Drôme). "La désintégration du césium 137 artificiel entraine une exposition aux radiations bêta et gamma qui, perdure, trente ans après, et à près de 2 000 kilomètres de Tchernobyl," précise la Criirad. En 2015, le laboratoire indépendant avait également relevé une radioactivité anormale dans des sols du parc national du Mercantour.

La Criirad évoque aussi la contamination de la chaîne alimentaire : "le césium 137 présent dans les sols se retrouve dans la chaîne alimentaire et plus particulièrement dans certaines denrées : baies, champignons, gibier. Ainsi le césium 137 est détecté dans 95 % des 38 échantillons de champignons cueillis, en fin d’année 2015, en Ardèche, Drôme, Isère, Loire, et Haute Savoie et analysés par la CRIIRAD."
... selon les analyses et relevés effectués par la Criirad - Reportage (25/4/16) à Valence de H.Chapelon et S.Hyvon - Intervenant : Bruno Chareyron, Ingénieur en physique nucléaire - Chef du laboratoire de la Criirad / images d'archives : Gérard Lefèvre - Commissaire de la République en 1986 ©France 3 RA

Il y a 30 ans ... un accident nucléaire sans précédent 


Le 26 avril 1986, à 01h23, le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl, située à une centaine de kilomètres de Kiev dans le nord de l'Ukraine, explosait au cours d'un test de sûreté. Pendant dix jours, le combustible nucléaire brûla, rejetant dans l'atmosphère des éléments radioactifs (iode 131, césium 134, césium 137... etc) qui contaminèrent, selon certaines estimations, jusqu'aux trois quarts de l'Europe, mais surtout l'Ukraine, le Bélarus et la Russie, alors républiques soviétiques.

Moscou tenta de cacher l'accident. Située à seulement trois kilomètres, la ville de Pripyat et ses 48.000 habitants n'a ainsi été évacuée que dans l'après-midi du 27 avril. La première alerte publique a été donnée le 28 avril par la Suède, qui avait détecté une hausse de la radioactivité. Mais le chef de l'Etat soviétique Mikhaïl Gorbatchev n'est intervenu publiquement que le 14 mai.

 

Accident nucléaire à Tchernobyl ... la nouvelle tombe en France le 28 avril, soit deux jours après l'explosion.

Le reportage diffusé le 28 avril 1986 sur Antenne 2 (INA)

La France aurait été protégée des retombées radioactives ... Le reportage du 8 mai 1986 sur Antenne 2 (INA)

Mais finalement ... le nuage n'a pas épargné le territoire français. Le reportage du 11 mai 1986 sur Antenne 2 (INA)




Animation  - Voir la progression du nuage de Tchernobyl (en une minute) entre le 26 avril et le 9 mai 1986. (source : le Monde).

Un nuage radioactif, composé de césium 137, a survolé le continent pendant plusieurs jours et ne s’est pas arrêté aux frontières de la France. Une animation de l’Institut de radioprotection et de sureté nucléaire montre le mouvement du panache entre 0 et 10 mètres au-dessus du sol du 26 avril au 9 mai 1986.

 

Un bilan humain toujours controversé

Au total, 116 000 personnes ont dû être évacuées en 1986 d'une zone de 30 kilomètres autour de la centrale, toujours zone d'exclusion aujourd'hui. Dans les années suivantes, 230 000 autres ont connu le même sort. Aujourd'hui, 5 millions d'Ukrainiens, Bélarusses et Russes vivent toujours dans des territoires irradiés à divers degrés.
En quatre ans, quelque 600 000 "liquidateurs" - essentiellement des militaires, des policiers, des pompiers et des employés de la centrale - ont été dépêchés sur les lieux de l'accident avec une faible, voire aucune protection pour éteindre l'incendie, construire une chape de béton isolant le réacteur accidenté et nettoyer les territoires autour.
Aujourd'hui, le bilan humain de la catastrophe fait toujours débat.

Le comité scientifique de l'ONU (Unscear) ne reconnaît officiellement qu'une trentaine de morts chez les opérateurs et pompiers tués par des radiations aiguës juste après l'explosion. Un rapport controversé de l'ONU publié en 2005 a évoqué "jusqu'à 4.000" décès avérés ou à venir dans les trois pays les plus touchés. Un an plus tard, l'ONG Greenpeace a évalué à 100 000 le nombre de décès provoqués par la catastrophe.
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