Mardi 1er décembre, à la cour d’assises de Lyon, au premier jour du procès de Cécile Bourgeon, mère de la petite Fiona, et de son ex-compagnon Berkane Makhlouf, les accusés ont été interrogés sur leur parcours, largement marqué par la drogue et la violence, de Clermont-Ferrand à Perpignan.
 

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Berkane Makhlouf et Cécile Bourgeon, rejugés à Lyon pour la mort de la petite Fiona, 5 ans, en mai 2013, à Clermont-Ferrand, ont fait tour à tour mardi 1er décembre le récit glaçant d'une vie marquée par la drogue, la violence et, pour elle, des grossesses à répétition. Dans l'après-midi, largement consacré à l'interrogatoire de la mère de Fiona, celle-ci, âgée de 33 ans, raconte sans aucun affect, et en marmonnant le plus souvent ses réponses, une vie sous l'emprise de la drogue, une enfant décédée et trois autres placés par la justice. Cécile Bourgeon semble détachée en en parlant. Après le divorce de ses parents, elle évoque un beau-père avec lequel elle ne s'entendait pas et un père violent, selon elle. Puis vers 15 ans, elle rencontre à Clermont-Ferrand Nicolas Chafoulais, de trois ans son aîné. Il est le père de Fiona, née le 3 décembre 2007, et de sa petite soeur, née le 19 novembre 2010, précise-t-elle. Fiona, dit encore Cécile Bourgeon, n'était "pas désirée, mais j'étais super contente d'avoir un enfant".

Un couple uni par la drogue

"C'est lui (Nicolas Chafoulais) qui m'a initiée à la drogue, héroïne, cocaïne, speed... J'ai connu ma première crise de manque". Lui ne travaillait pas, se droguait (...). J'en ai eu assez".  En février 2012, le couple se sépare. La mère de Fiona fait alors la connaissance l'été suivant de Berkane Makhlouf, peu de temps après avoir été violée par un inconnu. "Ca m'a tuée, en plus de la drogue". Il s'installe aussitôt chez elle. "Au début, ça se passait bien, ensuite il y a eu des crises de paranoïa, parfois des violences". Et puis la consommation frénétique de stupéfiants par le couple. Ils ont un enfant en juillet 2013, quelques mois après la mort de Fiona. "C'est la drogue qui vous unissait ?", lui demande le président. "Oui, peut-être", murmure-t-elle. "Quand vous êtes dans la drogue, vous ne vous rendez compte de rien". "Avec Cécile, on se droguait beaucoup et la drogue ça détruit les gens", avait reconnu le matin Berkane Makhlouf, en ajoutant "Cécile faisait pousser des champignons hallucinogènes et moi de l'herbe...". Et puis, la petite Fiona disparait en mai 2013.

On peut dire que j'ai été une mauvaise mère, mais mes enfants, je les ai toujours aimés

Dans un premier temps, le couple fait croire à son enlèvement dans un parc de Clermont-Ferrand. Ils déménagent à Perpignan, toujours ensemble malgré le drame. Un peu plus tard, confrontés aux incohérences mises en évidence par les enquêteurs, les deux toxicomanes finissent par avouer le décès de l'enfant à leur domicile clermontois puis reconnaissent l'avoir enterrée de nuit, à la hâte, dans un bois. Toutes les recherches pour retrouver cette sépulture de fortune ont échoué. Peu après sa libération, Cécile Bourgeon rencontre son futur mari, un Algérien en situation irrégulière et toxicomane. Elle est rapidement de nouveau enceinte d'une petite fille, dont elle accouche en mars 2020. Sa mère est toujours sous Subutex (un produit de substitution aux opiacés) et l'enfant présente à la naissance un syndrome de sevrage. Le bébé est placé par la justice. "Cette petite est mal partie dans la vie...", avance le président. "On peut dire que j'ai été une mauvaise mère, répond-elle d'une voix très calme, mais mes enfants, je les ai toujours aimés".

Les attentes d'un père

Au premier rang des parties civiles, était présent mardi le père de la fillette, Nicolas Chafoulais. Quelques jours avant le procès, ce dernier avait déclaré : « La vérité, je la veux pour mes deux filles et elle la doit aussi à ses deux autres enfants, qui un jour vont se demander qui sont leurs parents. Si ma fille sait tout j’aimerais pouvoir finir par lui dire ce qui s’est réellement passé pour sa soeur. Mais au fond je sais qu’elle ne le dira pas ». Maître Charles Fribourg, avocat de Nicolas Chafoulais, explique : « Elle ne se préoccupe ni de sa fille ni de son fils. Sa préoccupation a été de faire un enfant, délaissant les deux qu’elle a eu. Cela le choque énormément ». Pour sa défense, maître Renaud Portejoie, avocat de Cécile Bourgeon, indique : « Elle a essayé de refaire sa vie. Elle vit dans l’attente d’un procès. Elle n’a pas fait de calculs. De l’extérieur c’est vrai je comprends que cela puisse un peu heurter, de refaire un enfant, de se remarier alors qu’il y a cette épée de Damoclès, ce procès à venir avec cette issue judiciaire qui pour l’instant n’est pas claire. Je comprends que ces questions soient posées. Elle vit sans calculs, sans malice. Peut-être est-ce inopportun ? En tous cas c’est son choix ». Ce mardi, aucun des deux accusés n’a reconnu avoir porté des coups à Fiona.
 
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