Jeudi 10 décembre, lors du procès à la cour d'assises de Lyon de Cécile Bourgeon et de Berkane Makhlouf, dans le cadre de l’affaire Fiona, les derniers jours de la fillette ont été abordés.
A la cour d’assises du Rhône, à Lyon, le procès de Cécile Bourgeon et de Berkane Makhlouf, dans le cadre de l’affaire Fiona, en est déjà à son huitième jour, ce jeudi 10 décembre. Au cours de cette audience, la cour s'est intéressée aux derniers jours de la fillette. Cécile Bourgeon a été longuement interrogée. « Je tiens déjà à m’adresser à ma fille Fiona. Même si ça peut paraitre minable de ma part, je lui dois quand même des excuses. Parce qu’elle ne méritait pas de finir comme ça, elle avait la vie devant elle. Et je dois aussi des excuses à monsieur Chafoulais (Le père de Fiona. NDLR), d’avoir menti et de n’avoir pas su protéger sa fille » confie Cécile Bourgeon. C’est l’un des temps forts de ce jeudi après-midi.
L'évocation de violences
A la question « Pensez-vous que Berkane Makhlouf a tué Fiona ? », l’accusée répond : "Il l'a tapé mais je ne peux pas dire qu'il l'a tué ". L’assesseur ajoute : "Donc, vous ne savez pas de quoi votre fille est morte?". "Je ne sais pas" répond Cécile Bourgeon. L’accusée évoque les violences subies. Elle témoigne des crises de Berkane Makhlouf : « Le manque, je ne pense pas parce qu’il avait son traitement. C’était des crises incontrôlables. C’est d’un coup, dans sa tête, et après c’est un comportement qui engendre de la violence, incontrôlable, il va crier…Ce que j’ai vu c’est le coup de genoux qu’il met comme ça sur l’abdomen ». Elle précise : « Ce n’est pas un coup de genou… c’est comme si vous repliez quelqu’un et que vous lui appuyez sur le thorax, je ne sais pas comment vous expliquer ». Cécile Bourgeon enchaîne : "Sur le moment ça entraine pas de lésions… enfin pas de traces…Après il faut qu’il aille se calmer. Après il se met à pleurer, il dit pourquoi mes mains elles font ça c’est toujours pareil".
Cacher un hématome
Le président de la cour d’assises a souhaité revenir sur une sortie au centre commercial Jaude dans le centre-ville de Clermont-Ferrand. Cécile Bourgeon explique pourquoi Fiona n’allait pas à l’école : « A cause de son hématome autour de l’œil. Je pense qu’il lui a mis un coup… ». « Et le bandeau c’était pour masquer ? » lui demande-t-on. Elle précise avoir eu recours à un bandeau : « Le bandeau il est quand même assez large, et ouais ça peut cacher un peu ». « Qu’est ce qui devait être caché ? » lui demande-t-on. Cécile Bourgeon affirme : « Ce que je viens de vous dire son hématome… je ne sais pas comment vous dire un bleu ». A la question « Vous avez masqué avec du fond de teint, du maquillage ? », elle répond : « Oui… pour aller au centre Jaude ».
Des fois à 4 ou 5 heures du matin elle ne dormait pas
Cécile Bourgeon évoque les jours qui ont précédé la mort de Fiona : « A la fin elle était quand même bien fatiguée parce qu’en plus la nuit elle voulait regarder ses dessins animés, jouer aux jeux vidéo et je m’étais rendu compte que des fois à 4 ou 5 heures du matin elle ne dormait pas ». Cécile Bourgeon est alors interrogée sur « l’enterrement de Fiona » près d’Aydat. Elle lâche : « Il n’y a pas eu spécialement d’organisation, ça s’est fait comme ça… ». Le président lit ce que Cécile Bourgeon a déjà déclaré... cette dernière acquiesce : les deux accusés auraient mis Fiona nue dans un sac et seraient alors partis vers Aydat. Le président lui demande : « La pelle trouvée au hasard c’est peu probable non ? ». Cécile Bourgeon : « Pourtant je vous assure que c’est vrai. Après je me suis recueillie une dernière fois… et j’ai prié ». Le président riposte : « Si elle a été transportée dans un sac pourquoi vous l’avez sortie du sac ? ». Réponse de la mère de Fiona : « Je ne sais pas, ce n’est pas moi qui l’ai enterrée… Je ne vais pas vous inventer des choses… ». Le président de la cour d’assises continue : « C’est un lieu fréquenté, vous n’aviez pas peur de vous faire surprendre ? ». Cécile Bourgeon explique : « La vérité c’est que ça aurait été mieux que quelqu’un nous voie ».
Des défaillances soulevées
Le président se demande comment Cécile Bourgeon a pu oublier le lieu. Un peu plus tard, Me Lebert, avocate de la sœur de Fiona, lui demande : « La dernière fois que vous voyez Fiona, c'est quand ? ». Cécile Bourgeon répond : « C'est la veille de son décès ». Me Lebert insiste : « Quelle est la dernière image que vous avez d'elle vivante ? ». L’accusée confie : « Elle était en train de vomir ». Un peu plus tôt dans la matinée, des défaillances avaient été soulevées. Malgré 48 demi-journées d’absence de Fiona à l’école depuis la rentrée, aucun signalement n’avait été fait. Après des heures de questions, et parfois agacée par l’interrogatoire, Cécile Bourgeon ne semble pas dévier de sa version initiale. Mais les zones d’ombre persistent. Le verdict de la cour d’assises du Rhône est attendu le mercredi 16 décembre.