Lundi 29 janvier 2018, à 14h, le procès en appel de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf s'ouvrira devant les assises du Puy-en-Velay. Un troisième procès qui fait suite au renvoi du procès en appel du mois d'octobre suite à une altercation entre les avocats.
L’altercation entre les avocats a eu lieu le vendredi 13 octobre 2017, pendant le cinquième jour du procès en appel de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf aux assises du Puy-en-Velay, en Haute-Loire. Suite à l’intervention de Me Marie Grimaud avocate de la partie civile, les avocats de la défense quittent l'audience soudainement.
" Comment se maintenir dans un procès au soutien des accusés alors que notre propre parole est suspecte ? "
"Nous avons été accusés personnellement de collusion et de subornation de témoins. Notre parole était irrémédiablement discréditée. Comment se maintenir dans un procès au soutien des accusés alors que notre propre parole est suspecte ?" S’insurge Me Renaud Portejoie, l’avocat de Cécile Bourgeon.
Me Grimaud présente ses excuses, mais rien n’y fait. "Les excuses bidonnées ne pouvaient permettre de laver les soupçons qui avaient été instillés dans l’esprit des jurés. Instillés délibérément pour discréditer le rôle des avocats de la défense", affirme en colère Me Mohamed Kanifar, l’avocat de Berkane Makhlouf.
Demande de renvoi acceptée
Lundi 16 octobre 2017, à la reprise des débats, les trois avocats de la défense demandent alors le renvoi du procès. Un renvoi accepté par le président. Une situation inhabituelle bien qu’autorisée par la loi.
"La plupart du temps, ils sont demandés en début du procès. C’est extrêmement rare qu’un procès d’assises d’appel soit ainsi renvoyé alors qu’on se trouvait à plus de six jours de procès", explique Evan Raschel Professeur de droit privé et sciences criminelles Université Clermont Auvergne.
Un renvoi parfois incompris
Dans la salle d’audience, le jour de l’altercation, plusieurs personnes ayant assisté aux débats n’ont pas compris les réactions des avocats de la défense : "C’est un caprice des avocats. Ce n’est pas pour quelques mots que l’on doit tout arrêter." Un avis partagé par Nicolas Chaoulais, le père de Fiona qui va même jusqu’à parler de calcul : "Je pense qu’on détourne juste l’attention du vrai problème qui est le décès de ma fille. Pendant le procès, on n’en a pas forcément parlé de Fiona."
Si pour certains ce renvoi est légitime, il interroge également beaucoup les observateurs du monde judiciaire. Comme l’ancien président de cour d’assises Joël Montcriol : "Le procès aurait très bien pu continuer. Je ne vois pas en quoi les jurés étaient concernés par l’incident entre avocats. Le président n’avait pas à intervenir même là-dedans. Il fallait qu’il calme le jeu, ça, c’était son rôle. Après, il fallait que les avocats arrivent à régler leur différend. Je crois qu’il est grand temps qu’on en revienne au fond du dossier. Mais peut-être que c’est voulu. Ne pas parler du dossier, intéresse peut-être certaines personnes."
Presque cinq ans après la disparition de Fiona, le dossier reste sensible.
Intervenants : Maitre Mohamed Kanifar, Avocat de Berkane Makhlouf ; Me Renaud Portejoie, Avocat de Cécile Bourgeon ; Evan Raschel Professeur de droit privé et sciences criminelles Université Clermont Auvergne ; Joël Montcriol, Ancien président de cours d'assises ; Nicolas Chafoulais, père de Fiona