En 2018, ce sont 215 facteurs de la région Auvergne Rhône-Alpes qui ont été mordus par des chiens alors qu'ils effectuaient leur tournée. Face à ce constat, la Poste a décidé de mettre en place un plan de prévention pour protéger les facteurs.
Les chiens n'aiment pas les facteurs... une aversion qui tourne parfois à l'attaque et à la morsure. En Auvergne Rhône-Alpes, pas moins de 215 facteurs de la région ont été victimes d'agressions canines dans le cadre de leur tournée l'an dernier. Des agressions qui ont occasionné 646 jours d’arrêt de travail.
Pour le seul premier semestre 2019, on compte déjà 27 agressions canines pour 28 jours d’arrêt sur l’ensemble de la région Auvergne Rhône-Alpes.
La situation est jugée "inquiétante" par La Poste.
"L'agression canine est une des causes majeures d'accident du travail pour le facteur; elle a pour conséquences des arrêts de travail, parfois longs, mais aussi, pour de nombreux facteurs, un stress important dû à la peur de se faire mordre," explique La Poste dans un courrier du 9 mai dernier adressé aux 4095 maires des communes de la région.
La Direction exécutive régionale a donc décidé de passer à l'action et de lancer un plan de prévention en trois temps pour protéger le personnel, soit les 8141 facteurs de la région.
Le signalement
Ce plan de prévention passera par le signalement de zones où la distribution est jugée dangereuse par le facteur du fait de la présence d'un chien. Le danger peut être évident et connu de tous. Il peut être également moins visible avec, par exemple, l’installation d’une boîte aux lettres derrière le portail. Une installation qui conduit le facteur à passer la main par-dessus et, donc, à pénétrer sur le territoire du chien et se faire mordre en réaction.Un prospectus d'information
Quand un facteur signalera qu’il se sent menacé par un chien, un prospectus sera envoyé au propriétaire. Il lui sera demandé, en fonction de la situation constatée de maintenir le portail fermé de son habitation, ou bien de s'assurer que sa boîte aux lettres et sa sonnette sont hors de portée de l'animal (le cas échéant de les déplacer), d'attacher ou d'isoler le chien lors de la présence du facteur dans le quartier et enfin "de mettre en oeuvre toute autre mesure utile pour assurer la sécurité du facteur".
Une lettre officielle
Dans le cas où les mesures demandées aux propriétaires n'étaient pas appliquées et que la situation reste inchangée, une lettre officielle sera envoyée au propriétaire du chien menaçant. La lettre précisera qu’une suspension de la distribution du courrier sera appliquée si les mesures demandées ne sont pas mises en œuvre dans un délai de 15 jours.
La suspension de la distribution du courrier
La direction régionale prévoit la suspension de la distribution du courrier et des colis si les propriétaires des chiens menaçants ne mettent pas fin aux risques malgré l'envoi d'un prospectus et d'une lettre officielle. "Si, malgré ces information, la situation ne s'était pas améliorée, nous prendrions la décision de suspendre la distribution du courrier au domicile concerné," prévient la direction exécutive régionale. Les particuliers concernés devront récupérer leur courrier et leurs colis à la plateforme locale. "Dès que la personne concernée aura pris les mesures permettant une distribution du courrier garantissant l’intégrité physique du facteur, la distribution à domicile reprendra aussitôt," conclut la Poste.
Quelle sanction pour le propriétaire ?
Le Code pénal punit d’une amende de 3 750 euros toute personne qui n’aurait pas tenu ou retenu son chien lorsqu’il attaque ou poursuit un passant même s’il n’y a aucun dommage corporel. La Poste prévient: "en cas de morsure, la suspension de la distribution sera immédiate et un dépôt de plainte auprès du procureur de la République sera systématique."
Le saviez-vous ?
Tout chien ayant mordu est susceptible d’être dangereux. Son maître doit donc faire évaluer le risque qu’il représente pour les personnes en répondant à plusieurs obligations réglementaires. Ainsi, en cas de morsure d’une personne, le fait doit être déclaré par le propriétaire ou détenteur du chien à la mairie de sa commune de résidence. L'animal doit être placé sous surveillance vétérinaire durant 15 jours, aux frais de son propriétaire. Il s'agit de vérifier qu'il n'est pas porteur de la rage. Une évaluation du comportement du chien est également effectuée par un vétérinaire agrée. L'évaluation est soumise au maire. Ce dernier peut demander au propriétaire de suivre une formation pour obtenir une attestation d'aptitude à détenir l'animal. Dans le cas où le chien représente un danger grave et immédiat, le maire peut demander son euthanasie.