20 000 euros pour sauver une poule : un conservatoire fait revivre les races d'antan

Au fil des années, la variété des poules présentes dans les élevages s'est réduite. Le centre de sélection de Béchanne, dans l'Ain, s'est donné pour mission d'en faire revivre certaines. Rien n'est improvisé. Chaque conservation coûte plusieurs milliers d'euros par an.

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La basse-cour du centre de sélection de Béchanne a des allures d'arche de Noé. On y croise des cous nus du Forez, des Coucous de Rennes, des Bourbonnaises, des Faverolles, des Charolaises, des Houdan, des Gournay, bref des gallinacés d'antan. Autant de races qui peuvent disparaître du jour au lendemain si l'on arrête de s'en préoccuper. Leurs œufs ont une valeur génétique patrimoniale. L'objectif est de créer un conservatoire pour en garantir la pérennité.

Des pedigrees détaillés

Au fil des années, la variété des poules élevées par l'homme s'est réduite. Seules les meilleures pondeuses ou les volailles à la chair recherchée ont été développées. Certaines ont été abandonnées.

L'avenir de ces poules anciennes se joue au centre de sélection de la volaille de Bresse. Le sérieux de l'institution a fait sa réputation, 16 races, bientôt 17, y sont préservées. Les bâtiments sont de vrais coffres-forts. On y trouve les futurs reproducteurs, le haut de la génétique des races anciennes.

Pour y accéder, il faut se déshabiller, se laver comme pour se rendre en bloc opératoire. Des consignes sanitaires nécessaires pour éviter de faire entrer les maladies. Car à l'intérieur, les poussins sont des "pépites" rares, descendants de poules oubliées. "Tous ces animaux sont suivis individuellement, donc on a tout leur pedigree, c'est-à-dire, on connaît leurs parents, leurs grands-parents, et cætera. Et ensuite, on fait des croisements pour gérer cette population, gérer la consanguinité pour avoir des populations stables" explique Edouard Jannot, le directeur du centre de sélection de Béchanne. Il est primordial que les spécimens respectent parfaitement les standards de la race pure qui sont nombreux comme la couleur, la taille de la crête, des barbillons, du nombre de doigts, de la forme de la queue et des plumes.

L'objectif atteint, on est capable de conserver la race sur un temps indéfini et de la diffuser dans les élevages en fonction des besoins.

Edouard Jannot,

directeur du centre de sélection de Béchanne

 Une conservation qui a un coût

S'approcher de la race pure et redistribuer ces spécimens dans les poulaillers de leur région d'origine a un coût. La conservation (et la relance) d’une race coûte en moyenne 20 000 euros pour une année, d’où la nécessité de trouver des subsides avec les goodies. T-shirts, sweats et autres gourdes sont envoyés partout en France et le directeur du centre de la volaille de Bresse se transforme alors en préparateur de commande.

Les ventes se font sur le site internet dans l'objectif de pérenniser et de développer un conservatoire des races françaises.

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