A l’appel de trois associations, une quarantaine de manifestants ont bravé le froid ce samedi 21 janvier devant les grilles de la préfecture de l’Ain. Un cri d’alerte alors que le nombre d’agressions a augmenté de 20 % dans le département.
Rendre hommage aux victimes de féminicides de l’année 2022 et dénoncer le laxisme et la mise en danger de toutes les victimes de violences conjugales : les trois associations Put’ Ain de Guerrières 01, Save 01 et Secours pop 01 regroupées au sein du collectif VIF 01, ont renoué avec les rassemblements qui se déroulaient chaque 3e samedi de chaque mois. Mais en ce début d’année, un triste record est battu, explique Christelle Gay, la porte-parole de Put’ Ain de Guerrières 01. Les chiffres des violences intra-familiales ne cessent de grimper. Peut-être la faute à la visibilité des associations ces derniers temps, notamment avec la marche qui avait eu lieu en novembre dernier dans les rues de la capitale burgienne.
38 cas supplémentaires enregistrés en une année
Dans le département, les associations ont enregistré 184 cas de violences touchant des femmes et 14 touchant des hommes en 2022, contre 160 au total l’année précédente. Croisés avec les chiffres des services de police et de gendarmerie, avec lesquels les membres du collectif organisent des points étape régulièrement pour un suivi plus serré des dossiers, qu’il y ait eu dépôt de plainte ou pas. Désormais, 80 % des femmes victimes acceptent de déposer plainte.
5 OPJ spécialisés dans l'accueil des victimes de violences intra-familiales
A Bourg-en-Bresse, cinq officiers de police judiciaire ont rejoint le commissariat depuis l’automne. Cette présence est précieuse, reconnaissent les responsables associatifs. Car les grilles du questionnaire utilisé lors des auditions des victimes permettent d’aborder avec beaucoup de sensibilité un grand nombre de points parfois intimes. « Une façon aussi de faire prendre conscience à certaines femmes de l’historique des violences subies dans le temps long. »
Cette prise en charge contribue également à inciter les victimes à porter plainte contre leurs agresseurs. Put’Ain de Guerrières 01 a mis sur pied un réseau de six familles d’accueil pour héberger les victimes, les extraire de leur foyer et essayer de trouver une solution pérenne, d’envisager une nouvelle vie. Problème supplémentaire : « de plus en plus de mamans victimes de violences perdent la garde de leurs enfants », déplore Christelle Gay.
En 2022, on a recensé en France 111 féminicides exercés par un conjoint ou ex-conjoint et autres matricides (tués par leurs enfants)