A Thézillieu dans l'Ain, un ancien professeur collectionne des obus de la grande guerre. Il les récupère un peu partout en France. Ce ne sont pas de simples obus, mais des objets gravés ou sculptés par les poilus eux-mêmes.
L'idée peut sembler incongrue, pourtant depuis 30 ans Alain Espiard collectionne les obus de la grande guerre. En fait, il s'est passionné pour les douilles décorées, et les présente fièrement. Son premier obus, il l'a acheté par hasard dans une brocante, attiré par les feuilles de chêne en relief qui enroulaient la munition. Aujourd'hui, il en possède plus de 1600.
Ce collectionneur voit en ces traces de la première guerre mondiale des objets d'art. Ce sont les poilus eux-mêmes qui les ont transformés en chefs-d'oeuvre. Alain Espiard explique : "il y en a certains qui ont été faits dans les tranchées, ce sont les plus simples car façonnés avec les moyens du bord. Il y en a un où il est d'ailleurs écrit "fait au front". D'autres ont été réalisés dans les hôpitaux pour occuper les soldats. La vente de ces obus permettait ensuite d'aider les veuves de guerre."
Le collectionneur passionné enchaîne : "La majorité des illustrations sont des fleurs et des oiseaux, certainement parce que les poilus devaient en avoir marre de la guerre."
Mélange de cuivre et de zinc, ces obus étaient souvent gravés avec une pierre à briquet ou enfoncés avec des clous.
Certains modèles ont été travaillés avec finesse. Une oeuvre délicatement fleuri en main, Alain Espiard détaille : "Ce sont des poilus qui travaillaient dans les verreries de Nancy qui sont à l'origine de cette pièce. Ils mettaient une espèce de goudron pour créer les reliefs et creusaient le reste avec de l'acide."
Vases mais aussi lampes à pétrole, petits pots... sa collection Alain Espiard n'hésite pas à la partager avec les habitants de son village de Thézillieu, à Plateau-d'Hauteville. Sa salle d'expo est en mairie, face au monument aux morts.