L'Etat a passé tout le pays en risque élevé d'influenza aviaire ce vendredi 5 novembre et demande aux éleveurs de confiner leurs volailles, par prévention. Objectif : éviter les contacts avec les oiseaux migrateurs potentiellement porteurs du virus. Dans l'Ain, c'est un coup de massue pour les professionnels qui refusent l'enfermement de leurs volailles.
Face au ''risque élevé'' de grippe aviaire, l'Etat préconise, par précaution, l'enfermement des volailles partout en France. Dans l'Ain, les éleveurs de ''Volailles de Bresse'' situés dans la zone AOP, appellation d'origine protégée, s'oppose à cette décision. Car, justement, dans leurs cahiers des charges, les volailles doivent évoluer à l'air libre. Ce paradoxe risque, selon eux, de déprécier l'appellation ''Volailles de Bresse'' et craignent un fort impact financier.
Le décret publié ce vendredi 5 novembre est entré en vigueur. Mais les éleveurs de ''Volailles de Bresse'' refusent de l'appliquer.
Les éleveurs refusent les mesures
Les produits festifs de fin d'année comme le chapon, la poularde et la dinde de Bresse ne sont pas concernés par le confinement, simplement parce qu'ils sont naturellement confinés à partir du 1er novembre pour être prêts pour les festivités.
En revanche, la question se pose pour les poulets de Bresse qui eux sont à l'extérieur toute l'année.
''Il est hors de question de confiner notre Volaille de Bresse, affirme Morgane Merle, important éleveur de volailles de Bresse et président des Jeunes Agriculteurs de l'Ain. Ce samedi 6 novembre nos volailles sont dehors et elles le resteront. La Volaille de Bresse est la seule volaille AOP au monde. En confinant, nous risquons de perdre l'appellation et l'impact financier serait important car nous devrions vendre notre volaille en standard, c'est-à-dire sans aucun label. Actuellement la Volaille de Bresse se vend 14 euros le kilo, contre 2 euros le kilo pour la volaille standard''.
Le CIVB, comité interprofessionnel de la Volaille de Bresse, a demandé à la filière de ne pas confiner et a envoyé un courrier au ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation afin de trouver une solution.
''Nous vivons avec la grippe aviaire depuis 2006, poursuit Morgane Merle, important éleveur de volailles de Bresse et président des Jeunes Agriculteurs de l'Ain. La filière possède une dérogation avec un vétérinaire qui passe régulièrement. Et puis, la Volaille de Bresse est très agressive. Confinés, les poulets risquent de se manger entre eux, notamment pour leurs besoins de protéines''.
En tout ce sont quelque 140 éleveurs qui sont concernés par l'appellation d'origine protégée (AOP), créée en 1996. Les volailles doivent notamment être nourries par du blé, maïs et lait, produits dans le périmètre concerné.
Le périmètre de l'AOP s'étend sur trois départements, l'Ain, le Jura et la Saône-et-Loire, et mesure un peu plus de 3500 km².
L'influenza aviaire, qu'est-ce ?
L'influenza aviaire, également appelée peste aviaire ou encore grippe aviaire, est une maladie très contagieuse. Elle est causée par le virus de la grippe qui infecte les oiseaux sauvages et domestiques, tels que les canards, les chapons, les poulets, les dindons etc.
Les mesures de prévention
- mise à l’abri des volailles des élevages commerciaux et la claustration ou mise sous filet des basses-cours
- interdiction de l’organisation de rassemblements et de la participation des volailles originaires des territoires concernés
- conditions renforcées pour le transport, l’introduction dans le milieu naturel de gibiers à plumes et l’utilisation d'appelants
- interdiction des compétitions de pigeons voyageurs au départ ou à l'arrivée de la France jusqu’au 31 mars
- vaccination obligatoire dans les zoos pour les oiseaux ne pouvant être confinés ou protégés sous filet.
Pourquoi ces mesures préventives ?
En imposant le confinement des volailles sur l'ensemble du territoire métropolitain, les autorités souhaitent éviter l'épisode de l'hiver 2020. 500 foyers avaient en effet été recensés et plus de 3 millions de volailles avaient dues être abattues pour limiter l'épizootie, l'équivalent d'une épidémie, mais pour les animaux.
La grippe aviaire avait alors essentiellement touché le Sud Ouest de la France.
''Depuis le début du mois d’août, explique le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, 130 cas ou foyers d’influenza aviaire ont été détectés dans la faune sauvage ou dans des élevages en Europe notamment au bord de la mer du Nord et de la mer Baltique, dont trois foyers dans des élevages allemands. Dans le même temps, la claustration de tous les élevages professionnels a été décidée aux Pays-Bas à la suite de la détection d’un foyer dans un élevage de poules pondeuses. En Italie, six foyers ont été détectés dans des élevages de dindes de chair dans la région de Vérone depuis le 19 octobre.
Dans ce contexte et à l’approche de la période migratoire à risque, la France est en situation de forte vigilance. 3 basses-cours contaminées sont recensées dans les départements des Ardennes et de l’Aisne. Une première élévation du niveau de risque est intervenue le 10 septembre dernier conduisant à la mise en place d’un ensemble de mesures renforcées de biosécurité dans les communes classées à risque (zones à risque prioritaire et zones à risque de diffusion)''.
En attendant de trouver une solution, les éleveurs de Volailles de Bresse n'excluent pas de mener plusieurs actions, notamment une manifestation dans les prochains jours.