Encore aujourd'hui les filles ont tendance à être moins ambitieuses que les garçons. Rencontrer des femmes inspirantes est l'une des solutions pour lutter contre ces clichés. Pilote de ligne, Mélodie Dalle est allée à la rencontre de collégiens de l'Ain début juin 2021.  

 

 

"Mon père est pilote de ligne et pourtant je n'ai réalisé que très tard qu'il s'agissait également de ma vocation", raconte Mélodie Dalle, pilote de ligne chez EasyJet. Alors quand on lui a proposé de rencontrer des adolescents, et surtout des adolescentes, au collège Louis Armstrong de Beynost dans l’Ain, pour leur parler son métier, elle n’a pas hésité une seule seconde.

"Ma mère était contrôleuse aérienne, donc elle rentrait à la maison tous les soirs lorsque mon père partait parfois plusieurs jours. Pour moi bêtement, une maman devait être à la maison. Je voulais trouver une forme d’équilibre que je ne pensais pas avoir avec ce métier", raconte-elle. En plus de ça, petite, même si elle est allée plusieurs fois dans le cockpit de l'avion de son père, elle n’a jamais eu la chance de rencontrer une de ses collègues pilote.

Il aura fallu une rencontre inspirante dans de toutes autres circonstances pour faire basculer sa vie. Un hiver en station de ski, Mélodie Dalle rencontre une femme pilote avec qui elle sympathise beaucoup. Au gré des échanges, sa nouvelle amie lui fait réaliser que l’on peut être une femme, pilote de ligne et avoir une vie très équilibrée. Si Mélodie Dalle décide tout de même de terminer ses études d’ingénieurs, elle aura la révélation finale lorsqu’elle se retrouvera aux manettes d’un petit avion pour passer son permis de vol privé à 22 ans. La suite : direction L’ENAC, Ecole Nationale de l'Aviation Civile, la "voie royale" pour réaliser son rêve tardif : devenir pilote de ligne.

Être une personne inspirante

"J’étais dans le milieu et pourtant j’étais pleine de préjugés", raconte-elle. Face aux collégiennes rencontrées au collège Louis Armstrong de Beynost dans l’Ain. "En plus, quand on est jeune, on n’a pas nécessairement le courage de parler aux adultes pour leur poser des questions."  Et ça marche. Mélodie Dalle se souvient "une jeune fille est venue me voir après une intervention pour me dire ‘merci, on me dit tout le temps que ce n’est pas possible, et vous venez de me donner la preuve que si.’ "

Un succès que note également Martine Laffra, la directrice du collège Louis Armstrong de Beynost. Elle rapporte que plusieurs élèves, autant de filles que de garçons, ont exprimé leur envie de s’orienter vers des métiers de l’aviation. La rencontre avec les femmes pilotes et leurs collègues des cieux était organisée dans le cadre des Parcours Avenir et Parcours citoyen, obligatoires dans la scolarité du second cycle. L’équipe pédagogique du collège Louis Armstrong a décidé de mettre l'accent sur l’égalité garçon-fille.

Elargir le champ des possibles

L’idée étant "d’élargir la visions des élèves" explique la directrice. Elle explique qu’il y "encore beaucoup de clichés" que l’on peut combattre, en présentant des femmes "avec des métiers prestigieux qui paraissent inaccessibles." Au total, les 130 élèves de 4ème  du collège ont pu rencontrer les salariés d’EasyJet. "Une très belle expérience" pour Martine Laffra. "On a même regretté de n’avoir prévu qu’une heure par groupe. Certains jeunes ont même gratté sur la récréation alors que d’habitude, après la sonnerie il n’y a plus personne" raconte-t-elle le sourire aux lèvres.

Une rencontre rendue possible par l’Association Jeunesse et Entreprise (AJE), qui se donne pour mission de mettre en relation les entreprises et les jeunes, pour "développer leur goût d’entreprendre, de se dépasser", explique Jean-Roger Régnier, président du Club AJE Auvergne-Rhône-Alpes

Nécessité de répéter/sensibiliser

Si toutes les actions menées par l’AJE n’ont pas comme thème spécifique l’égalité garçon-fille, l’association veille à "distiller le message d’ouverture" à l’occasion de chacune de ses interventions. Et pour être le plus efficace possible, elle compte sur l’échange entre élèves. "Quand les messages sont passés entre eux, ça passe mieux" explique Jean-Roger Régnier. "On va les mettre par petits groupes et les inviter à réfléchir sur un sujet."

Il poursuit : "par exemple une fois, un jeune a dit qu'une femme ne pouvait pas être cheffe d’entreprise. Un de ses camarades lui a dit que 'si c’est possible ! C’est le cas de sœur', c’est beaucoup plus efficace qu’un simple discours d’adulte." Selon lui, c’est d’autant plus avantageux que même si le premier jeune reste campé sur sa position, d'autres peuvent avoir une révélation.

Certaines entreprises comprennent également les enjeux de créer des vocations chez les jeunes filles. A Beynost, la rencontre entre les collégiens et les personnels navigants étaient initialement proposée à l'AJE, par la compagnie aérienne EasyJet. Partie du constat qu’en 2015, seulement 3% des pilotes de vols commerciaux à travers le monde étaient des femmes, la compagnie a lancé un programme visant "à combattre les stéréotypes" écrit-elle dans son rapport. Résultat : en 2020 le nombre de femmes pilotes de son réseau a atteint 20%. En France, sur les plus 500 pilotes qu’elle emploie, la compagnie annonce que 36 d’entre eux sont des femmes. Entre 2019 et 2020, 14 d'entres elles ont rejoint la compagnie. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité