Les attaques de loups se multiplient dans l'Ain. La préfecture a fait appel aux louvetiers pour surveiller les élevages et abattre les prédateurs en cas d'attaque. Cette procédure est très encadrée.
Chaque début de soirée, depuis mi-avril, les louvetiers se relaient pour surveiller les alentours de Jujurieux dans l'Ain. Armés, ils rôdent vers des pâturages où le loup a fait des victimes. On compte 25 moutons tués et trois blessés dans le secteur, et ce, malgré les chiens de protection. La préfecture a autorisé les tirs, et a fait appel à ces lieutenants inventés sous Charlemagne, à une époque où le loup était omniprésent, ils interviennent bénévolement.
Des tirs très encadrés
Ces chasseurs expérimentés resteront postés 4 à 5 heures avec fusil et jumelles thermiques. "Dès qu'il y a une source de chaleur, on capte tout de suite l'animal", et l'inverse est également vrai. Le loup lui aussi est sur ses gardes. "Il faut le repérer avant qu'il nous repère" expliquent les louvetiers. Traquer le loup demande de la stratégie et de la patience. En apercevoir un reste un moment fort pour tout chasseur, devoir tirer est complexe.
On tire uniquement si le loup vient attaquer le troupeau, c'est un tir de défense simple.
Patrick FaurePrésident des louvetiers de l'Ain
La consigne est claire : un tir doit être justifié par une attaque de troupeau. Autre obligation préfectorale à respecter pour avoir le droit de faire feu, il faut que des moyens de protection soient mis en place : un chien et un parc fermé.
Une angoisse forte chez les éleveurs
Depuis le retour du loup en France dans les années 1990, c’est la première fois que le département de l’Ain subit autant d’attaques. Sûrement l’œuvre de plusieurs canidés. Ils ont notamment sévi dans ce champ de Paul Arcan qui est éleveur avec sa sœur et son frère. "On a eu au total six attaques en six jours !". Le risque est de perdre des mâles reproducteurs, ce qui entraîne des pertes directes qui ne sont pas prises en charge par les assurances.
On fait tout ce qu'on peut pour que nos animaux aillent bien. Ce n'est pas notre métier d'arriver le matin et de ramasser les morts.
Paul Arcanéleveur
L'angoisse gagne ces professionnels malgré l'aide des louvetiers. Ils ont d'autres activités annexes (fabrication, ventes) et ne peuvent être en permanence à l'affût, surtout la nuit. "On a du mal à dormir, quand on se réveille, on a du mal à se rendormir ensuite. On craint une attaque" relate Paul avec beaucoup d'émotion dans la voix. Il est démuni face à ce fléau. Le pré est à côté de chez lui, la maison est gardée par des chiens, les louvetiers surveillent, lui, également et pourtant les attaques perdurent.
Ces 10 dernières années, l’Ain a connu 36 attaques de loup. Dans le même temps, il y en a eu plus de 17.000 dans les départements des Alpes du sud.